Il faut bien avoir conscience que les sociétés savantes ont eu peu de temps pour répondre aux questions qui leur ont été posées.
Une première question a porté sur la possibilité de ventiler plusieurs patients avec un même appareil. Des études ont été faites, en particulier à Brest, sur des cochons, et des modèles ont été présentés ; nous avons donc fait entendre notre voix sur le fait d'envisager cette solution. Fort heureusement, il n'a pas été nécessaire d'y recourir.
Une deuxième question, sur le choix des respirateurs Osiris 3, a été adressée à Éric Maury et à Xavier Capdevila, alors président de la SFAR. Il s'agissait également d'une solution dégradée, à n'utiliser qu'en dernier recours : ces matériels sont faits pour ventiler des poumons normaux, pas des poumons malades. En réanimation, il faut des machines permettant de faire des réglages subtils. La SRLF et la SFAR ont donc édicté des recommandations sur l'utilisation de ces ventilateurs. Je ne jette pas la pierre à ceux qui ont décidé de la commande de 8 500 pièces, car il fallait agir très rapidement, dans l'urgence, et c'est ce qui importe. Je ne suis même pas certain que ces machines soient préconisées pour le transport de patients – je laisserai le docteur Agnès Ricard-Hibon le préciser. Si rien n'avait été fait, on le leur aurait sans doute aussi reproché. Il y a quelques années, la décision de produire des vaccins qui n'ont finalement pas été utilisés a été vivement critiquée ; le raisonnement n'en était pas moins valable.