Une tribune dans le Figaro publiée en début de crise avec mes collègues de la SFAR et Jean-Michel Constantin a ouvert le débat sur la revalorisation des infirmiers diplômés d'État (IDE) en réanimation, dont les compétences sont incroyables. Dans le monde de la santé, quel que soit le mode d'exercice, certaines rémunérations ne sont pas proportionnées au service social rendu. Les infirmiers sont sous-payés au regard de ce qu'ils gagnent en exerçant dans le privé. Il faut revaloriser la fonction d'infirmier diplômé d'État en réanimation et d'aide-soignant.
De même, il est bien de vouloir ouvrir plus de lits de réanimation, mais il ne faut pas aboutir à un modèle dégradé. Un lit de réanimation requiert beaucoup de personnel ; réglementairement, il faut prévoir deux infirmiers pour cinq patients. Nous devons arriver à réduire ce ratio à un infirmier pour deux patients, et un aide-soignant pour quatre patients.
Pendant la crise, nous avons appliqué le modèle d'IDE référent que nous avions en tête depuis des années, mais qui était refusé. En quelques jours, c'est devenu possible, et ces IDE référents ont encadré les infirmiers moins expérimentés. Ce fut un succès total, dont tout le monde était satisfait. Mais le jour du retour à l'ancien monde, on nous a dit que ce n'était plus possible. Pendant la crise du covid-19, dans ma région, la prise de décision n'a pas été lente. Au contraire, tout s'est accéléré. C'est en temps normal que tout est trop long : il faut des mois et des mois pour prendre la moindre décision.
De nombreux actes pourraient être délégués en médecine, ce qui résoudrait beaucoup de problèmes de pénurie. Il faut que les médecins sortent de leur corporatisme. Mais je ne suis pas du tout d'accord avec Patrick Pelloux, je ne pense pas que le corporatisme ait un fondement universitaire : il a des raisons financières. Déléguer des gestes, des actes et des procédures à d'autres professions paramédicales nous ferait gagner en efficacité sans perdre en qualité de soins.