Nous avons fait face à cinq mois d'une crise sanitaire qui n'est pas terminée, dont trois mois particulièrement difficiles, pour les personnes âgées en établissement ou à domicile entre mars et mai. Celles-ci ont payé un très lourd tribut à l'épidémie : 90 % des décès concernent des personnes de 65 ans, avec un âge médian de décès de 84 ans, et près de la moitié des 30 000 morts que la France a compté étaient des résidents d'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), décédés en établissement ou à l'hôpital.
Face à la situation sanitaire exceptionnelle, notre système de santé en général et l'ensemble des structures qui accompagnent les personnes âgées en particulier ont dû faire preuve d'une capacité d'adaptation considérable. En trois mois, l'ensemble de la chaîne sanitaire et médico-sociale a dû composer avec pas moins de quarante protocoles destinés aux établissements et aux services à domicile, qui ont exigé pour la réorganisation des structures une réactivité très forte de la part des directeurs et de leurs équipes. Je me dois de souligner ici la mobilisation exemplaire des professionnels : s'ils n'avaient pas pris une part considérable dans la gestion de cette épidémie et n'avaient pas fait preuve d'un engagement formidable et surhumain, nous déplorerions bien plus que les 15 000 décès qui ont été comptabilisés dans les EHPAD.
Différentes phases se sont succédé. En janvier et février, le virus nous paraissait loin. Ce sont nos collègues et adhérents de l'Est qui ont joué le rôle de lanceurs d'alerte, avant que nous prenions la vague de plein fouet, dans des conditions différentes selon les structures. Si certaines ont subi plus d'une dizaine de décès, d'autres n'en ont pas connu, mais tous les professionnels ont, autant que possible, fait barrage au virus, pour éviter qu'il n'atteigne les personnes âgées qu'ils accompagnent au quotidien.
Si l'on veut tirer des enseignements de cette crise, il faut commencer par identifier les difficultés auxquelles nous avons été confrontés et qui sont essentiellement de trois ordres : le manque d'équipements de protection individuelle (EPI), et en particulier de masques ; le manque de personnel, que nous ne cessons pourtant de dénoncer depuis des années et qui a abouti à des situations particulièrement tendues ; des difficultés organisationnelles, malgré la réactivité du système.
La crise a néanmoins apporté son lot de bonnes pratiques et révélé la grande plasticité de notre système de santé qui nous a permis de mettre en place des innovations fortes sur lesquelles nous souhaitons capitaliser pour l'avenir.