On savait que les personnes âgées seraient les plus durement touchées par la covid, compte tenu de ce que l'on avait pu observer à l'étranger, et notamment en Chine, mais aussi parce que, lors de la grippe hivernale, ce sont chaque année entre 10 000 et 11 000 personnes âgées vulnérables qui décèdent. En moyenne sur les six dernières années, il y a entre 4 000 et 5 000 décès lors des épisodes de canicule, sans que les Français s'en émeuvent plus que ça.
Nous avons appréhendé la situation avec calme, ce qui importe pour gérer la crise et l'incertitude. Comme Annabelle Vêques-Malnou, je tiens ici à rendre hommage au dévouement de l'ensemble des professionnels de l'aide aux personnes âgées, qui travaillent auprès de ces personnes, soit dans les EHPAD – qui ne sont que la partie visible de cet accompagnement –, soit, plus majoritairement, à domicile. Ces aides à domicile sont très peu valorisées : en effet, moins de 20 % des départements ont accordé la prime à ces professionnels, qui sont les grands oubliés de cette crise. Cette prime, nous insistons, leur est due, au même titre qu'aux professionnels travaillant en établissement.
Le confinement a été très mal vécu par beaucoup de personnes âgées. Si préserver la santé physique des personnes âgées était essentiel, s'assurer de leur santé psychique l'était tout autant, et c'est la raison pour laquelle nous avons demandé la saisine du Conseil consultatif national d'éthique, qui a autorisé l'adaptation du confinement dans les établissements pour personnes âgées, car il était inacceptable pour nous que l'ensemble des résidents soient confinés dans leurs chambres ; les mesures à prendre devaient être mesurées, discutées entre professionnels, avec les personnes âgées et leurs familles.
Pour ce qui concerne le matériel, il y a eu un retard à l'allumage et nous avons eu du mal à nous procurer des masques. En travaillant avec les équipes du ministère, les agences régionales de santé (ARS) et certains départements, nous avons pu en obtenir progressivement, ce qui a rendu la situation bien plus gérable. En cas de reprise de la crise, nous devons absolument anticiper cette question. Quels que soient les dispositifs mis en place à la rentrée, il est indispensable que les masques soient financés, et en quantité suffisante, pour tenir au moins jusqu'à la fin de l'année.
Nous avons travaillé en lien étroit avec le ministère de la santé, au rythme de deux réunions par semaine au plus fort de la crise, ce qui n'a pas empêché sur le terrain quelques retards, liés entre autres à la décentralisation et à la déconcentration. En outre, j'appelle votre attention sur le fait que certaines annonces faites au plan national ont parfois été très compliquées à mettre en œuvre dans les délais impartis : ainsi a-t-il été très difficile pour les professionnels d'organiser du jour au lendemain le confinement ou le déconfinement au sein des établissements, et cela a créé des tensions palpables entre les professionnels, les résidents et les familles.