La réforme du grand âge que tous les gouvernements nous promettent depuis plus de quinze ans doit impérativement se faire. L'un des aspects positifs de cette crise aura peut-être été de montrer qu'il n'est plus possible d'attendre.
Notre société vieillit, et nous ne nous sommes qu'au début de la vague de vieillissement démographique. Il est donc urgent de réformer durablement le système d'accompagnement des personnes âgées pour qu'elles puissent être chez elles, quel que soit leur lieu de vie, à domicile ou en établissement, et que les professionnels soient assez nombreux pour les accompagner au quotidien, au-delà des strictes nécessités médicales.
Pendant le confinement, nous avons tous souffert du manque de liens sociaux ; pour certaines personnes âgées, rester des journées ou des semaines entières sans voir personne est leur ordinaire. Lutter contre l'isolement est un véritable enjeu, que ce soit en établissement ou à domicile – je rappelle que seules 600 000 personnes sont hébergées en EHPAD, soit bien moins que les millions de personnes âgées en France.
Cet accompagnement est, à nos yeux, une priorité. Il faut augmenter le nombre de professionnels et, pour cela, renforcer l'attractivité de nos métiers : dans les conditions actuelles, si nous proposions 300 000 postes supplémentaires, ils ne trouveraient pas preneurs. Certes, un grand pas a été franchi avec le Ségur de la santé, mais il faut désormais s'attaquer à la question de l'accompagnement à domicile, qui n'était pas incluse dans les négociations, et mettre très rapidement en œuvre la loi sur le grand âge.
La crise nous aura montré que les personnes âgées sont des invisibles. Vous évoquiez la résignation face au nombre de décès provoqués parmi elles par la grippe : nous avons pourtant envers ces personnes une responsabilité collective. Certains, notamment chez les plus jeunes, semblent ne plus vraiment se sentir concernés par le covid et ne portent pas de masque. Pourtant, nous devons collectivement respecter les gestes barrières, de même que nous devons tous considérer la vaccination contre la grippe comme une manière de protéger les plus vulnérables. C'est un enjeu qui réclame notre vigilance à tous.
En ce qui concerne les soins palliatifs, je n'ai personnellement eu aucun retour d'adhérents nous signalant des difficultés spécifiques avec le Rivotril ou l'Hypnovel. Je ne suis pas médecin, et cela dépasse mes compétences. Cela étant, la question de l'accès aux soins, et notamment aux soins palliatifs, s'est posée de manière aiguë dans les régions les plus en tension – je pense particulièrement à l'Île-de-France ou au Grand Est. Au plus fort de la crise, il a parfois été compliqué d'obtenir un avis médical ou une place en hôpital, mais la mise en place par le ministère de la santé de coordinations gériatriques, de dispositifs d'astreinte mutualisés ou d'équipes mobiles a apporté un vrai soutien aux équipes, en leur permettant de ne plus être seules face à la décision, dans un contexte où il était difficile de joindre le 15, complètement embolisé.
J'ignore pourquoi mais les dispositifs d'hospitalisation à domicile ont été sous-exploités. C'est pourtant une solution qui nous permet de bien accompagner les personnes prises en charge, notamment dans les établissements médico-sociaux. Y recourir davantage aurait été précieux et aurait permis d'éviter des hospitalisations en lit d'hôpital, alors que le système de santé traversait une situation extrêmement tendue. Nous plaidons donc pour qu'elle soit davantage développée à l'avenir, en particulier pour les personnes âgées.
En ce qui concerne les statistiques de décès, à ma connaissance, peu de pays ont produit des chiffres aussi précis que les nôtres et de manière aussi rapide. Il faut signaler qu'à côté de l'outil national dont nous disposions, l'ARS Île-de-France a réussi à imposer son propre outil – peut-être était-il plus complet –, ce qui a induit, dans un premier temps, une certaine confusion. Il me paraît donc important, en cas de crise sanitaire, de réaffirmer, dans un souci de simplification, le rôle de pilote central que doit jouer le ministère sur ces questions, même si les ARS ont certaines compétences en la matière.