Intervention de éric Fregona

Réunion du mardi 28 juillet 2020 à 16h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

éric Fregona, directeur adjoint de l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) :

Je confirme que nous attendons depuis plusieurs années une loi sur l'autonomie. Il faut absolument augmenter le nombre de professionnels en établissement et à domicile, ainsi que le confirme un récent rapport de l'OCDE, selon lequel la France est, en la matière, en dessous de la moyenne européenne. Ce n'est pas admissible, sachant que nous sommes le seul secteur – devant le BTP – dans lequel les accidents du travail et les maladies professionnelles sont en augmentation chaque année.

Une politique de saupoudrage ne sera pas suffisante, et c'est à un complet changement de paradigme que nous appelons, c'est-à-dire à une augmentation massive et rapide du nombre de professionnels – de l'ordre de 200 000 au bas mot –, en établissement et à domicile. Il faut également diversifier les recrutements et, au-delà des personnels soignants, créer des postes d'animateurs, de psychologues, d'accompagnants au sens large. Lancer une grande campagne de recrutement exigera certes des financements mais cela permettra également de faire reculer le chômage et de relancer l'économie, puisque nous parlons d'emplois pérennes, non délocalisables et qui ont un sens social. Il y va de notre solidarité envers les personnes âgées.

De même que cela existe pour les personnes handicapées, qui disposent de représentants dans les instances nationales et locales, il faudrait également permettre aux personnes âgées de s'exprimer. Or il n'y a aucun représentant des personnes âgées ni au conseil de la CNSA, ni au Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge, ni au Conseil économique, social et environnemental, alors qu'elles auraient bien des choses à nous apprendre ; il nous semblerait utile d'en tenir compte dans le cadre de la loi sur le grand âge et l'autonomie.

Quant à la création d'une cinquième branche, c'est une très bonne nouvelle. Cela doit permettre de dépasser l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), qui ne couvre que les besoins primaires, c'est-à-dire le lever et le coucher, la toilette et les repas. Si l'on veut vraiment que le maintien des personnes à domicile soit la panacée, on ne peut se contenter des plans d'aide actuels, qui représentent en moyenne vingt-sept heures par mois, soit moins d'une heure par jour, sachant qu'il s'agit parfois de la seule présence humaine aux côtés de la personne prise en charge. Il faut donc faire en sorte de développer, par exemple, des emplois jeunes, pour aider au maintien de conditions de vie normale, dans lesquelles les sorties et les distractions aient leur place.

Non, à l'AD-PA, nous ne nous résignons pas au nombre de morts de la grippe, et nous nous en offusquons chaque année dans les médias. Il n'est pas acceptable qu'entre la grippe et la canicule, on recense en moyenne 15 000 morts par an chez les personnes âgées. Ne rien faire pour lutter contre cela, c'est s'accommoder d'une forme de discrimination par l'âge dans notre pays. Nous demandons donc que soit créé, dans le cadre de la loi, un observatoire de l'âgisme, permettant de repérer ces discriminations, dont on parle peu mais qui sont tenaces.

Pour ce qui regarde les soins palliatifs, on ne m'a fait part d'aucun problème particulier. La seule difficulté, mais elle a été cruciale, a concerné l'accès aux urgences et il m'a été rapporté que le grand âge avait pu, au cœur de la crise, être considéré comme un critère de non admission aux urgences. Or, ce n'est pas sur l'âge qu'il faut se fonder mais sur les chances de survie, qui peuvent être inversement proportionnelles à l'âge. Cela étant, le ministère a largement communiqué sur ce point, et nous en sommes satisfaits.

En ce qui concerne, enfin, les statistiques de décès, nous regrettons qu'on n'ait pas dénombré les décès survenus à domicile. Pour autant, les derniers chiffres de l'INSEE montrent que ce sont bien les personnes âgées en établissement ou bénéficiant de l'aide à domicile qui ont été le plus touchées, avec une augmentation de 50 % des décès de personnes âgées en établissement et de 30 % dans le secteur de l'aide à domicile, contre une hausse de seulement 20 % à l'hôpital. Même si, en valeur absolue, c'est à l'hôpital que la mortalité a été la plus forte, c'est bien, proportionnellement, notre secteur d'activité qui a été le plus touché, et je veux une nouvelle fois saluer le dévouement de l'ensemble des équipes.

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