La FNADEPA n'a pas non plus de compétence particulière pour se prononcer sur la vaccination antigrippale, mais une réflexion doit être engagée sur son caractère obligatoire pour les professionnels de santé.
Il est évident qu'il importe de respecter l'ensemble des gestes barrières, d'autant plus que l'organisation des tests a, en effet, été retardée. C'est encore le cas localement, par exemple dans le Finistère, où la situation en ce moment est délicate. Des tests sont envoyés à Paris ou leur réalisation prend plus de temps que prévu. Pour nous, ce n'est pas anodin puisque nous sommes obligés de tester chaque nouveau résident quarante-huit heures avant son entrée en établissement. Il arrive que l'attente soit très longue, trois ou quatre jours, et qu'on laisse entrer des personnes isolées dans des structures. Le déploiement des tests constitue donc un enjeu considérable pour sécuriser les pratiques.
Il n'est pas non plus possible de tester tout le monde tous les jours. Le PCR est un test invasif, parfois douloureux, et peu de professionnels parmi ceux qui rentrent de congé acceptent d'être testés, d'autant plus qu'ils ne se sentent pas malades.
En ce qui concerne la prise en charge hospitalière et le critère d'âge, nous n'avons jamais obtenu d'instructions écrites. Les statistiques de la DGOS que vous avez mentionnées sont en effet éloquentes. Les SAMU, je l'ai dit, étaient surchargés, nos appels n'aboutissaient pas toujours et, après plusieurs jours ou plusieurs semaines, notamment début mars, au pic de l'épidémie, certaines équipes se sont résignées. Les astreintes gériatriques, ensuite, ont permis d'améliorer la situation.
Les disparités régionales ont été réelles – je pense en particulier aux régions Île-de-France et Grand Est. Heureusement, des mesures rapides ont été prises en concertation avec nous : je rappelle que les visites ont été interdites dans les EHPAD et les autres établissements avant le confinement et qu'il a fallu organiser l'accompagnement psychologique et le maintien du lien social. Les équipes ont accompli un travail extraordinaire pour essayer de maintenir une vie la plus normale possible après la fermeture des portes, dans des espaces de 20 mètres carrés, alors que les résidents étaient privés de la visite quotidienne d'un conjoint ou de proches pendant six semaines. À cela s'ajoute qu'il a fallu apaiser certains d'entre eux, atteints de troubles cognitifs, qui ne comprenaient pas toujours ce qui se passait.
Les services de soins à domicile sont malheureusement passés après les établissements. On a tendance, lorsqu'il est question de personnes âgées, à se focaliser sur les EHPAD, mais ceux-ci n'hébergent que 600 000 résidents ; d'autres dispositifs d'accompagnement existent comme les résidences autonomie ou les résidences seniors. Nous avons dû nous battre quotidiennement, et nous continuons, pour faire savoir aux administrations centrales, régionales, départementales que de telles structures existent, que ces professionnels ont besoin de matériels, comme les services de soins à domicile qui accompagnent, d'ailleurs, la plupart des personnes âgées. S'il y a un enseignement à tirer de cette crise, c'est que nous avons besoin de matériels, de stocks de masques et d'équipements de protection individuelle conséquents dans chaque structure. Nous en avons pour faire face à des bactéries multi-résistantes mais peu nombreux sont ceux qui avaient imaginé une épidémie d'une telle ampleur et tous les établissements ne disposaient pas de stocks suffisamment importants. Nous constatons d'ailleurs toujours des tensions sur les gants ou les surblouses.
Avec d'autres organisations, nous avons écrit au ministre de la santé le 20 mars pour lui dire combien la situation dans les EHPAD était tendue, combien les personnes âgées en établissement ou à domicile sont un public fragile, une « cible » privilégiée du covid-19, et à quel point il était urgent de protéger les professionnels pour protéger les résidents.
Le circuit de distribution par les officines, comme l'a dit M. Fregona, n'a pas fonctionné pendant deux ou trois semaines, avant que l'État ne corrige rapidement le tir. Aujourd'hui, le système est bien rodé, l'État garantissant un approvisionnement en masques jusqu'à la fin du mois de septembre. Nous restons toutefois vigilants pour que ce soit toujours le cas si l'épidémie devait perdurer.
Les personnes âgées n'ont pas été identifiées comme étant la population la plus fragile. Légitimement, les établissements de santé ont bénéficié de nombreux moyens et ce n'est qu'ensuite qu'il en a été de même pour les EHPAD puis les services de soins à domicile et, parfois, les autres types de résidence.
Autre enseignement à tirer de cette crise : il faut privilégier la sécurité des personnes les plus vulnérables – personnes en situation de handicap, personnes âgées – et équiper les professionnels de santé qui les accompagnent de matériels de protection. Cela permettra aussi de préserver la santé de l'ensemble de nos concitoyens.
Avons-nous manqué de masques et d'équipements de protection ? Évidemment oui. La répartition a-t-elle été bien faite malgré la pénurie ? Oui, je le pense. La doctrine concernant les masques a beaucoup évolué – trente-cinq protocoles ! Au début de la crise, nous ne devions en porter que face à des personnes contaminées quand il aurait fallu en doter chaque professionnel. Aujourd'hui, la culture du masque s'installe dans notre société, ce qui est une bonne chose, et de justes priorités ont pu être établies en faveur des personnes susceptibles de transmettre la maladie.