Nous avons appris le changement de doctrine de 2013 au cours des auditions que vous avez menées. Jamais personne ne nous a dit que nous étions chargés de nous approvisionner en masques…
Certaines pharmacies ont été fermées au cours du confinement : ainsi celles qui se trouvent dans les aéroports et les grands centres commerciaux – qui étaient eux-mêmes fermés. Ce ne fut le cas que d'un très petit nombre de pharmacies de proximité, du fait de la maladie d'un titulaire exerçant seul.
Après le 23 mars, j'ai demandé aux patrons des entreprises de répartition pharmaceutique et des groupements de pharmaciens d'acheter des masques. Tous les pharmaciens ont un grossiste-répartiteur et ont été logés à la même enseigne. Les entreprises m'ont rappelé pour me dire que les pharmaciens n'en voulaient pas. Le 17 avril, j'ai dit aux pharmaciens qu'il fallait les acheter, faute de quoi ils n'en auraient pas au moment où on leur demanderait de les donner ou de les vendre, compte tenu du délai de trois semaines entre l'achat et la vente. Le rôle des groupements a été très précieux ; ils ont joué le jeu pour tout le monde, pour leurs membres comme pour les autres.
Les patients éprouvaient une anxiété réelle ; le contact humain qu'ils ont trouvé dans les officines leur a fait du bien. Nous avons appris – là encore, à la télévision, en écoutant le ministre de l'intérieur – que les femmes victimes de violences pourraient donner l'alerte en pharmacie. Nous avons immédiatement donné notre accord, ce qui était naturel. Cette mesure était logique : nous étions le seul lieu ouvert, où il était légitime d'aller. L'officine était un lieu d'accueil.