Vous avez animé une structure discrète, qui s'expose rarement, pourtant sa tâche est essentielle. Elle procède d'une ordonnance de 1959, une des rares signées par le général de Gaulle en personne, dans laquelle il expliquait que la défense était globale. Le secrétariat général de la défense nationale (SGDN) a ainsi été créé, et des hauts fonctionnaires de défense ont été placés dans chaque ministère. Il s'agissait de se protéger contre un ennemi que l'on pouvait identifier. Parmi les risques figurait le risque sanitaire, notamment à caractère militaire. En 2008, près de vingt ans après la chute du mur de Berlin, on y a ajouté la dimension de la sécurité nationale et collective, tout en conservant la défense.
Manifestement, il y a quelques trous dans la raquette – s'agissant des commandes, ou des stocks tampons dans les hôpitaux –, mais on n'a pas nécessairement besoin du SGDSN pour y remédier : du bon sens suffirait. Je ne suis pas sûr, d'ailleurs, qu'un directeur général d'ARS ait jamais rencontré le haut fonctionnaire de défense du ministère de la santé. Dans la littérature spécialisée, on relève, au fil des années, une faible implication des hauts fonctionnaires de défense et de sécurité dans les ministères. Il y a quarante ans, c'étaient les plus hauts préfets qui arrivaient à ces postes, en fin de carrière ; ils avaient une véritable autorité. À l'époque, les ministres avaient peur de leur haut fonctionnaire de défense. Ce n'est plus le cas. On trouve maintenant des adjoints et les secrétaires généraux, autrement dit les directeurs des ressources humaines (DRH). L'autorité n'y est plus.
Si nous subissions une attaque chimique, serions-nous capables de retrouver les stocks stratégiques de Santé publique France, de les distribuer et de faire face à la crise ?
Avez-vous eu, dans votre fonction de secrétaire générale, à appuyer, dans les arbitrages, un haut fonctionnaire de défense et de sécurité qui n'arrivait pas obtenir les moyens pour assumer sa mission ?
Pensez-vous que le haut fonctionnaire de défense et de sécurité du ministère de la santé a rencontré le directeur général de Santé publique France ? Je n'ai pas l'impression que l'esprit de défense, au sens militaire et non militaire, soit compris par toutes les agences devenues périphériques, et je crains que ce mal soit systémique. Comment redonner tout le poids nécessaire au SGDSN et à ses hauts fonctionnaires de défense et de sécurité dans les ministères ?