Intervention de Claire Landais

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 16h15
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Claire Landais, ancienne secrétaire générale de la défense et de la sécurité nationale :

. Il existe une quinzaine de plans nationaux, mais des événements peuvent évidemment survenir sans que nous ayons un plan prêt pour y faire face. Cela fait partie de la réflexion sur les risques et leur cartographie. Dans le domaine sanitaire, différentes possibilités avaient été envisagées dans les documents stratégiques, mais nul n'avait imaginé que la France connaîtrait une pandémie. Aurions-nous pu faire beaucoup mieux que le plan pandémie grippale ? On pourrait remonter d'un cran et réfléchir à un plan pandémie générique, comportant un volet capacitaire et un volet logistique. Il y a des marges de progrès mais, dans ce champ de l'anticipation concernant le domaine sanitaire, il serait trop sévère de considérer qu'il y a eu un manque d'anticipation. Un outil a pu être en partie dépassé, mais c'est le propre des plans. Cela fait partie des enseignements à en tirer.

Je ne suis pas sûre que le millefeuille administratif soit à l'origine d'un défaut d'anticipation. En revanche, je mesure la difficulté collective pour l'administration, entraînée dans la moulinette de l'action administrative quotidienne, à prendre le temps et le recul nécessaires à la prospective et à l'anticipation. Je ne suis pas sûre que le SGDSN ait besoin de davantage d'autorité et de moyens pour agir. Le SGDSN est investi de l'autorité que lui confère son évolution dans la sphère du Premier ministre.

J'avais repris la pratique initiée par Louis Gautier et je ne doute pas que Stéphane Bouillon fera de même : tous les trimestres, nous tenions une réunion thématique avec les hauts fonctionnaires de défense et de sécurité en titre, c'est-à-dire les secrétaires généraux des ministères, qui sont loin de n'être que des DRH. De nombreux sujets traités par le SGDSN ne peuvent être portés que par le réseau des secrétaires généraux. Dans certains ministères que j'ai connus auparavant, j'avais peu de visibilité sur les hauts fonctionnaires de défense et de sécurité. Cette fonction a repris de la vigueur et de la visibilité, pas seulement en raison de la crise sanitaire. Le fait que les sujets de sécurité et de souveraineté soient davantage dans le viseur des directeurs d'administration centrale et de nos autorités politiques redonne du poids aux hauts fonctionnaires de défense et de sécurité.

Toutefois, les effectifs restent faibles au regard de l'ampleur des enjeux. D'où l'intérêt de la formation des acteurs de la gestion de crise. Le SGDSN est présent sur ces sujets, en coopération avec le monde universitaire ou avec des prestataires privés. L'Institut des hautes études des métropoles (IHEDM), outil important pour la diffusion de l'esprit de défense, réforme son offre pour élargir le champ de ceux qui y seront sensibilisés. Un autre enseignement de la crise, c'est que pour diffuser l'esprit de défense, l'État doit être capable de s'entraîner avec les élus locaux, les associations et le monde des entreprises privées et d'intégrer non seulement des fonctionnaires ou des militaires, mais aussi d'autres profils.

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