Intervention de Maryline Gygax Généro

Réunion du mercredi 16 septembre 2020 à 17h45
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Maryline Gygax Généro, directrice centrale du service de santé des armées :

Le « modèle SSA 2020 » recentre le SSA sur la prise en charge de la blessure de guerre, sa mission première et la plus difficile. J'ai d'ailleurs une pensée pour le blessé arrivé il y a quelques jours à l'hôpital de Percy.

Nous sommes en train de tirer les conséquences de la pandémie mondiale. Nous devrons probablement renforcer certains secteurs critiques, notamment pour faire face à la survenue éventuelle d'une nouvelle épidémie. Je ne peux encore vous donner de bilan précis. Le « modèle SSA 2020 » était adapté aux contraintes et aux cibles du SSA au moment où il a été conçu mais cette crise nous conduira à en revoir certains aspects.

La conformation et la vie à bord rendent difficiles les mesures de distanciation sociale dans un navire comme le Charles de Gaulle. Les coursives ne sont pas très larges. Malgré ces contraintes, les médecins présents à bord ont fait le maximum pour instaurer les mesures barrières. N'oublions pas que le porte-avions avait appareillé de Toulon le 21 janvier et qu'à l'époque, nous n'avions pas encore tous les éléments qui auraient pu conduire à équiper le porte-avions d'automates ou de PCR. En revanche, les médecins à bord se sont tenus informés. Notre structure de commandement technique permet de tenir à jour les informations dont ils disposent. Ils ont pris le maximum de mesures. Avant l'escale à Brest, ils ont distribué 1 200 questionnaires pour vérifier l'apparition éventuelle de symptômes, puis, lorsque les marins sont remontés à bord, pour vérifier les activités et les contacts qu'ils avaient eus et « screener » d'éventuelles difficultés. Lorsque le porte-avions a appareillé, des mesures strictes ont été prises : toute vie sociale vespérale a été abolie, les rassemblements sociaux ont été supprimés, des dispositions prises pour la restauration. Il n'en demeure pas moins que tous les marins ne sont pas en chambre individuelle.

Un scanner thoracique, autre moyen de diagnostic du covid, a été effectué le 21 mars sur un cas cliniquement évoqué, mais il n'a pas montré d'image typique. Peut-être y avait-il une surinfection. Il a été interprété en télé-expertise à l'hôpital Percy par un groupe de radiologues qui, après avoir revu ces images, ont confirmé l'impossibilité de diagnostic de covid.

Pour ce qui est de l'alerte à bord, l'information est arrivée au service de santé des armées le 7 avril. Nous avons projeté très vite une capacité d'épidémiologie. Une des caractéristiques de nos épidémiologistes est d'être responsables à la fois de la veille scientifique et sanitaire et d'avoir la capacité d'être projetés sur le terrain. C'est de l'épidémiologie militaire appliquée.

Au sein du ministère des armées, le cumul total de contaminations est de 3 400 cas confirmés par PCR, dont environ 300 ont été hospitalisés en secteur conventionnel et 23 placés en réanimation. Nous déplorons un décès. Actuellement, nous n'avons pas de militaire hospitalisé pour covid dans nos hôpitaux militaires. Il convient d'y ajouter environ 700 cas confirmés dans la gendarmerie nationale, qui déplore deux décès. Nos taux de contamination sont strictement superposables à ceux de la santé publique. J'en suis assez fière, parce que les militaires agissent dans des conditions de promiscuité ou de cohésion, parfois dans des lieux clos, comme des chars ou des avions. Ces conditions particulières, inhérentes à la vie militaire n'entraînent pas une incidence supérieure à celle relevée par le ministère de la santé. L'incidence covid au sein de notre ministère, que nous avons calculée en début de semaine, est de 68 pour 100 000, dont superposable à celle constatée en milieu civil, qui est de 79 pour 100 000.

C'est le fruit du travail du service de santé des armées, qui est là pour apporter son expertise et proposer des adaptations en fonction d'un niveau de risque accepté par le commandement. Comme toujours, le SSA propose mais c'est bien le commandement qui prend les décisions. Par exemple, pour le défilé de quelque 2 000 militaires du 14 juillet, nous avons testé chaque militaire trois jours avant. Tous ceux qui ont défilé étaient PCR négatif. Nous les avons ensuite surveillés durant quelques jours par questionnaire de « screening », afin de vérifier l'absence de conséquence du rassemblement lié à la cérémonie.

Toutes ces adaptations, fruit du conseil au commandement, montrent bien que les armées se sont emparées du risque et ont pris des mesures appropriées pour poursuivre leur entraînement opérationnel et leurs activités opérationnelles en ambiance covid.

Concernant le rapatriement de nos ressortissants de Wuhan, le médecin chef des services Valade, ici présent, est intervenu comme conseiller scientifique pour l'organisation, la bio-décontamination et le suivi dont Santé publique France était chargée. Toutes les précautions avaient été prises pour l'équipage avant les vols. Après l'atterrissage, les équipages militaires et les personnels navigants ne sont pas sortis de l'avion.

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