S'agissant des masques, je ne dispose pas de chiffres de vente postérieurs au 20 septembre. Des organismes effectuent un suivi quotidien des ventes. Le groupe Nielsen a mis en évidence une baisse progressive du niveau des ventes. Le chiffre d'affaires est passé d'environ 30 millions d'euros par semaine au mois de mai, à 9 millions d'euros pour la semaine du 14 au 20 septembre. Un effet prix est assez probable car ceux-ci ont sensiblement baissé. Au 1er octobre, les masques étaient vendus dans nos magasins entre 5 et 25 euros la cinquantaine, étant entendu que ces données ne correspondent pas à la valeur réelle du produit, mais à la valeur de marché instantanée. Comme prévu, les prix d'achat ont beaucoup baissé ; nous revenons au niveau d'avant la crise, lorsque le masque ne valait pas cher. Les prix avaient fortement augmenté, car les masques faisaient l'objet d'une bagarre mondiale, et ils arrivaient non par bateau, mais par avion, ce qui entraînait des surcoûts gigantesques. Le chiffre d'affaires global de la vente des masques, depuis le 4 mai, s'élève à 350 millions d'euros. Je rappelle qu'il s'agit de ventes à prix coûtant, voire en dessous de celui-ci.
Il est difficile de dresser un bilan exhaustif de l'octroi des primes, dans la mesure où nous rassemblons des entreprises intégrées et des entreprises composées d'indépendants, dans lesquelles chaque propriétaire de magasin prend la décision finale. Les entreprises intégrées ont toutes décidé d'octroyer la prime de 1 000 euros à leurs salariés exposés, selon des modalités différentes d'une enseigne à l'autre. Du côté des indépendants, nous ne disposons d'aucun bilan exhaustif, mais les bilans partiels démontrent qu'une part importante des salariés en a bénéficié.
Nous estimons le coût de la prime pour le secteur à 500 millions d'euros, pour un peu plus de 500 000 bénéficiaires, certains ayant perçu un peu moins de 1 000 euros. Par ailleurs, nous avons subi des surcoûts de deux ordres. Ceux induits par les mesures de sécurité sont compris entre 300 et 400 millions d'euros. Ceux des emplois supplémentaires nécessaires au maintien en état des entrepôts et des magasins sont de l'ordre de 300 millions d'euros. Au total, le surcoût global pour notre secteur est de l'ordre de 1 milliard d'euros.
S'agissant des autres branches professionnelles, je n'ai pas le souvenir que nous ayons été contactés. Le ministère de l'économie et des finances a instauré un système d'échange d'informations pour savoir qui fabriquait quoi et qui avait accès à quoi. À la demande du cabinet d'Agnès Pannier-Runacher, les directeurs d'achat des enseignes y participaient, afin d'aider ceux qui cherchaient à obtenir des masques. La collaboration a été fructueuse, et nous en gardons tous un souvenir fort. Nous avons travaillé quotidiennement avec les pouvoirs publics de façon remarquable. Dès qu'un problème se posait, ils essayaient de trouver une solution dans les heures qui suivaient, pour que les camions puissent rouler le week-end, par exemple. Pour la mise en vente des masques, nous avons travaillé avec le directeur de cabinet du ministre de l'intérieur et le secrétaire général du ministère, car nous nous souvenions que des émeutes avaient eu lieu devant certains magasins à l'annonce du confinement. Conformément à notre engagement envers le Gouvernement, nous avons limité le nombre de masques que chacun pouvait acheter, et mis en place des systèmes de réservation préalable.