Aurions-nous pu être autorisés à acheter et à vendre des masques plus tôt ? Cela nous aurait-il permis de faire mieux que l'État ? Il m'est difficile de répondre. Tout ce que je puis dire, c'est que notre métier est d'acheter – nos équipes sont présentes sur les marchés pour ce faire – et de vendre. Le jour où on nous a confié cette mission, nous l'avons remplie immédiatement.
Sur le port du masque dans les magasins, j'ai eu le sentiment, lors de mes réunions hebdomadaires avec mes homologues européens, que le problème se posait partout. Toutefois, nous ne sommes pas suffisamment entrés dans le détail pour établir une comparaison précise. Il peut y avoir, parmi des dizaines de milliers de magasins, des pratiques différentes en fonction de situations locales différentes. Ce qui est certain, c'est que nous avons adopté dès le départ un protocole précis. Le port du masque à l'intérieur des magasins n'a été rendu obligatoire qu'ultérieurement, mais nous avons nous-mêmes décidé, avant même que le Gouvernement ne le demande, de le rendre obligatoire. Nous avons pris les devants car nous sentions que le Gouvernement allait prendre la décision, mais il n'y parvenait pas. Nous avons donc publié un communiqué pour annoncer l'obligation du port du masque dans tous les magasins de France. Naturellement, le Gouvernement a pris la décision dans la foulée, ce qui était une forme de validation de ce que nous avions nous-mêmes décidé. Compte tenu de l'évolution de la situation, cela nous paraissait indispensable.
S'agissant de notre communication, je ne pense pas qu'elle était inadaptée. Nous étions dans une situation très spécifique. Je suis intervenu quelques centaines de fois sur les radios et les télévisions ; la pression médiatique était très forte. À partir du moment où la communication gouvernementale a consisté à dire qu'il y aurait suffisamment de masques et qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, la seule question que l'on nous posait était « Combien en avez-vous commandé ? ». Par définition, nous passons des commandes très importantes. Je ne suis que le patron de la FCD ; il faudrait interroger tous les acteurs ayant pris des décisions individuelles dans ce domaine. J'ai le sentiment que chacun a acheté de façon à répondre à la demande du Gouvernement, afin de disposer d'un grand nombre de masques, d'abord à partir du 4 mai, puis à partir du 11 mai. Les chiffres ont semblé impressionnants, mais il faut les rapporter aux besoins. À raison de deux masques par jour et par Français, il faut compter 100 millions d'unités par jour. Les masses peuvent sembler gigantesques, mais elles doivent être relativisées. Dans le feu médiatique, les uns et les autres ont confondu ce qui était commandé et ce qui était arrivé.
Sur la doctrine en matière de responsabilité des entreprises, je ne peux répondre. Il faut interroger les enseignes. Quelques stocks de masques datant du virus H1N1 ont été fournis aux hôpitaux s'ils étaient en état et pas uniquement dans notre branche. Comme nous l'avons indiqué au Sénat, un seul cas de réquisition a été constaté dans nos enseignes. Nous sommes loin d'une réquisition globale.
Le 15 mars, notre préoccupation était d'obtenir le plus vite possible l'autorisation de fournir des masques à nos salariés. À partir du 21 mars, nous avons pu les commander. D'ailleurs, certains masques destinés aux salariés ont alimenté les stocks de masques vendus aux clients en attendant que les commandes arrivent. Par ailleurs, nous avons eu l'autorisation de vendre des masques aux PME, en B2B et non en B2C.
Concernant le tableau des maladies professionnelles, nous avons décidé d'appliquer le système spécifique pour les soignants. Je n'ai pas de commentaire à faire à ce sujet. Il s'agit d'une décision sage.