Je vous remercie d'être là, de faire preuve d'autant d'humilité et de nous faire partager quelque chose de très humain : le doute.
Alors que la France prend de plein fouet une épidémie, la première décision qui est prise, c'est d'écarter 100 000 médecins de première ligne de la participation à l'accompagnement de leurs patients. Quand votre voiture tombe en panne, vous l'apportez chez le garagiste.
En décidant d'un confinement strict généralisé, qui était d'ailleurs anticonstitutionnel, puisque les parlementaires n'avaient, par définition, pas voté la loi du 23 mars, vous faites le pari, en vous fondant sur des preuves que je ne vous réclame pas, que c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Mais n'aurait‑on pas pu prendre le chemin de l'immunité collective, comme d'autres pays ?
Vous connaissez la situation catastrophique de l'hôpital public, puisqu'il manque de moyens et de personnels depuis plusieurs années. Or, en disant aux personnes de rester confinées et isolées et de ne surtout pas être traitées en phase précoce, vous condamnez l'hôpital, dont vous savez qu'il n'a pas suffisamment de capacité d'accueil, de moyens et de protections. Est‑ce que cette décision n'était pas, en réalité, celle qu'il n'aurait surtout pas fallu prendre ?
Tout à l'heure, vous avez prononcé plusieurs fois le mot d'« angoisse ». Peut‑être que, au début de la crise, plutôt que de l'entretenir chez nos concitoyens, il aurait fallu être plus factuel et leur faire confiance.