Début 2020, la France et le monde entraient dans une nouvelle ère, celle de la covid‑19. Les optimistes que nous sommes retiendront un aspect essentiel de la crise : la santé avant tout. C'est une première dans l'histoire de l'humanité. Mais nous avons aussi quelques raisons d'être pessimistes, car cette crise sanitaire a renforcé la méfiance, le rejet d'une partie des citoyens vis‑à‑vis de toute forme d'institution. Dans une société de l'immédiateté, nous devons accepter que la communauté scientifique progresse lentement dans sa connaissance du virus. Ce climat anxiogène est alimenté par les chaînes d'information et les réseaux sociaux. Pendant cette crise, on a pu remarquer un volume de fake news toujours plus important et des pseudo‑spécialistes qui ont prospéré. Difficile de s'y retrouver quand la parole d'un expert semble compter autant que celle d'un commentateur.
Résultat : les discours populistes et complotistes ont gagné du terrain dans toutes nos démocraties. En tant que Premier ministre, vous avez dû prendre des décisions qui ont été commentées, souvent critiquées, parfois remises en cause, du fait même qu'elles émanaient du pouvoir politique. Comme maire du Havre, vous êtes aujourd'hui en première ligne pour mesurer le niveau d'acceptabilité de ces décisions. Qu'est‑ce que cette expérience vous a appris sur la façon de diriger une démocratie ? Comment gouverne‑t‑on un pays quand le raisonnable, le modéré et la compétence ne sont plus les seules références et que les décisions doivent être prises sur le fondement d'informations incomplètes et souvent contradictoires ?