Intervention de Pierre Dharréville

Réunion du mercredi 21 octobre 2020 à 14h15
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Monsieur le Premier ministre, la crise que nous avons affrontée a été, à bien des égards, inédite. Il est évident qu'on ne peut pas passer une telle épreuve sans encombre. Cependant, l'état d'impréparation dans lequel nous étions, tant du point de vue des hôpitaux que des stocks stratégiques et de la recherche est frappant. Il semblerait que, dans un certain nombre de lieux de décision, au fil du temps, on ait méprisé le risque. Vous nous avez rapporté ce qui vous a été dit, lorsque vous avez demandé de combien de masques nous disposions. C'est un peu étonnant et cela nous interroge. Il existait des analyses sur le sujet. Comment avez‑vous considéré les informations qui vous ont été communiquées à ce propos et les courriers échangés parfois restés sans effet ?

Ce qui étonne ensuite, c'est le retard apparent pris dans certaines décisions, notamment à propos des pénuries, et le sentiment d'avoir eu beaucoup de mal à réagir, à passer des commandes suffisantes et à en obtenir la livraison. Il s'est passé du temps dans ces processus. Tout cela n'est‑il pas, en réalité, le signe d'un affaiblissement de l'État au fil d'un long processus, même s'il faut bien sûr saluer la mobilisation de tous ceux et de toutes celles qui n'ont pas ménagé leur engagement pour faire face ? Par ailleurs, que pensez‑vous du fonctionnement des différents organismes censés s'être mobilisés face à la crise ?

Ce qui inquiète également, ce sont les effets sociaux et psychosociaux de la crise. Est‑ce que l'anxiété suscitée par le recours au vocabulaire guerrier n'a pas fini par vous échapper ?

Par ailleurs, la défiance à l'égard de la parole publique pose des problèmes dans la prise de conscience des événements et dans la réaction à avoir. Est‑ce que la gestion politique très centralisée, verticalisée et parfois présidentialisée, ne l'a pas accrue ? La création du Conseil scientifique ne semble d'ailleurs pas avoir soldé la question de la confiance dans la parole publique. N'est‑elle pas, au contraire, venue perturber le fonctionnement des institutions existantes ? N'avons‑nous pas risqué de nous enfermer dans un régime d'experts sanitaires au détriment des autres enjeux ?

Enfin, vous avez dit que vous étiez dans la gestion des urgences et les arbitrages. Mais la crise n'interroge‑t‑elle pas votre capacité à affronter des épreuves prévues depuis quelques années par certains experts et face auxquelles le degré de civilisation et d'organisation publique est décisif ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.