Vous invitez tout le monde à comprendre qu'il est acteur. Je le pense profondément : chacun doit comprendre ce qu'il doit faire et donner du sens à ce qu'il fait, mais il est indispensable de transmettre un message clair et cohérent.
Tel n'a pas été le cas. Le 27 février, vous déclariez : « Le stade 1, c'est celui dans lequel nous sommes encore. Le virus n'est pas en circulation générale dans la population, comme c'est le cas pendant une épidémie de grippe, par exemple. » Au même moment, le directeur général de l'OMS expliquait que « la fenêtre de tir se rétrécit, ce virus est l'ennemi public numéro 1 et il n'est pas traité comme tel. »
N'aviez-vous pas conscience du danger à la fin du mois de février ? Pourquoi ce manque d'anticipation, alors que toutes les alertes étaient au rouge ? Comment la population pourrait comprendre ces discordances ?
Fin 2018, la direction générale de la santé a décidé de ne pas suivre la recommandation du comité d'experts de Santé publique France, qui appelait à reconstituer un stock d'État d'un milliard de masques chirurgicaux en cas de pandémie. Le 12 septembre 2019, lors d'une réunion entre Santé publique France et la DGS sur le niveau des stocks stratégiques de l'État, il est rappelé que la quasi-totalité du stock initial d'un milliard de masques est périmé. Pourtant, la DGS maintient sa décision d'octobre 2018, à savoir renouveler le stock à hauteur de 50 millions de masques, voire à 100 millions si la capacité budgétaire permet d'en acquérir 50 millions de plus. Y avait-il un frein budgétaire à l'acquisition de ces masques ?
Le choix de ne pas reconstituer ce stock est-il lié au changement de la doctrine de 2013 selon laquelle les employeurs devaient acquérir les masques pour protéger leurs salariés ? Nous savons qu'aucune injonction n'a été donnée, et aucun contrôle effectué, donc personne ne s'était équipé.
Ou est-ce que les masques étaient passés au second plan ? Le conseiller d'Agnès Buzyn puis d'Olivier Véran a déclaré, et vous l'avez confirmé : vous n'avez jamais entendu parler de masques. La responsabilité de l'État est de protéger ses citoyens en cas de crise, qu'elle soit sanitaire, chimique ou terroriste. Les équipements de protection individuelle tels que les masques, les médicaments et les antiviraux doivent être une priorité.