Intervention de Edouard Philippe

Réunion du mercredi 21 octobre 2020 à 14h15
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Edouard Philippe, ancien Premier ministre :

C'est devant cette mission d'information que j'ai prononcé pour la première fois le mot de « déconfinement ». C'était le 1er avril 2020, nous étions entrés en confinement depuis deux semaines et nous commencions à nous demander comment en sortir : dans quelles conditions, à quel rythme ? J'avais indiqué que c'était une opération redoutablement difficile : faute de précédents, nous ne savions pas comment organiser les précautions indispensables.

Nous avons eu plus de temps pour préparer le déconfinement que nous n'en avions eu pour décider d'entrer en confinement, ce qui a permis d'élaborer une procédure. Après avoir mené la réflexion, un débat s'est tenu au Parlement, puis les éléments essentiels ont été transmis aux préfets et aux collectivités territoriales pour trouver les bonnes solutions locales. Des indicateurs chiffrés objectifs ont été publiés pour mesurer la situation.

La sortie du confinement a été différenciée, progressive, et réversible. Systématiquement, nous avons appliqué ces principes : solutions différenciées en fonction des territoires, déconfinement progressif afin de vérifier que la circulation du virus est maîtrisée, et réversible si ce n'est pas le cas.

Nous avons essuyé les critiques de ceux qui nous reprochaient d'aller trop vite, et de ceux pour qui nous allions trop lentement. Je me souviens que des acteurs du débat public ou du monde culturel estimaient que la jauge de 5 000 spectateurs était trop restrictive, et je comprends parfaitement que ceux qui sont soumis à ces contraintes expriment leur mécontentement et leurs inquiétudes.

Cette méthode peut-elle être utile pour l'avenir ? Chacun espère éviter un nouveau confinement. Je ne sais pas ce que le Gouvernement décidera de faire dans les jours ou les semaines qui viennent, en fonction de l'évolution de la situation. Il est sans doute moins difficile de sortir d'un couvre-feu que d'un confinement, mais je ne m'exprimerai pas pour ne pas gêner le Gouvernement, et je n'ai que les informations qui concernent Le Havre. Je crois que le triptyque : différencié, progressif et réversible est intéressant et peut guider les autorités publiques.

Je ne veux pas entrer dans la discussion sur ce qui s'est fait entre 2018 et 2020, car je n'ai eu connaissance d'aucun des documents que vous évoquez. Il est donc difficile pour moi de me prononcer sur le bien-fondé d'une analyse et de la réaction qu'elle a suscitée. J'ai appris, notamment grâce aux travaux de cette mission, un certain nombre d'éléments, mais je ne peux en parler de première main car ils ne sont pas remontés jusqu'au Premier ministre. Ce n'est pas étonnant : beaucoup de choses sont traitées au niveau des ministères et des administrations sans systématiquement revenir à celui du Premier ministre. La vie intense d'un Premier ministre serait impossible si toutes les questions – essentielles – de toutes les administrations remontaient à Matignon. Personne ne serait en mesure d'assimiler la totalité de ces informations et l'État arrêterait de fonctionner. Les éléments de réponse donnés par le directeur général de la santé et la ministre de la santé lors des auditions m'ont paru censés, raisonnables et très bien fondés.

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