Intervention de Jérôme Salomon

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 14h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jérôme Salomon :

Dès les premiers rapports parlementaires après la crise de 2009 et au moment de la création de l'EPRUS, l'idée est apparue qu'il fallait réfléchir à cette inefficience que d'avoir des stocks qui ne servent pas – on a parlé de stocks dormants par opposition à l'instauration de flux. Constituer un stock, cela implique de trouver un fournisseur qu'on ne sollicitera plus pendant cinq ou dix ans, mais aussi de ne pas écouler sa marchandise auprès de « clients », les hôpitaux, ignorant l'existence d'un tel stock, s'approvisionnant de leur côté. Tous les rapports, notamment parlementaires, consacrés au sujet ont proposé de faire évoluer la pratique ; le dossier ministre évoque la gestion des stocks stratégiques en mentionnant la nécessité de questionner l'intérêt du recours systématique à des stocks physiques pour aller vers des modèles plus agiles de réservation de doses, afin de gagner en efficience – ce que j'appelle stocks tournants. Dynamiser la gestion des stocks correspond à une demande des parlementaires depuis plusieurs années, l'idée étant, et nos concitoyens peuvent le comprendre, qu'acheter pour jeter ne procède pas forcément de la meilleure gestion.

À mes yeux, il ne s'agissait pas vraiment d'un changement de doctrine ni d'une décision individuelle. Il s'agissait de s'inscrire dans un mouvement de sollicitation des producteurs français, qui le demandaient, pourvu qu'ils connaissent les besoins et soient saisis de commandes régulières leur permettant d'installer les chaînes de fabrication nécessaires. Je ne pense pas avoir inventé le terme de stocks tournants et je n'en revendique pas la paternité. En tout cas, il correspond à l'idée qu'il est à la fois plus utile et plus efficient du point de vue financier d'avoir des stocks dynamiques. Dans un modèle où chaque euro compte devant les citoyens, acheter des produits de santé pour ne pas les utiliser me paraît choquant. Fournir des masques, des tests et des médicaments aux professionnels de santé, c'est bien ma priorité absolue. Constituer des stocks pour les enfermer dans des hangars en sachant qu'ils seront périmés dix ans plus tard, c'est un problème. Ces conclusions ont été formulées à plusieurs reprises et c'est ce qui est écrit dans le COP – il me semble que le mot « tournant » y figure. Je n'ai pas signé ce document, n'étant pas encore en place lors de sa rédaction et de sa validation par le conseil d'administration. Celui-ci s'est réuni fin 2017 et je ne suis arrivé qu'en janvier 2018. En tout cas, je me souviens très bien de la signature du COP par Agnès Buzyn et François Bourdillon, directeur général de Santé publique France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.