Intervention de Jérôme Salomon

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 14h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jérôme Salomon :

Le risque de contamination n'est aucunement lié à l'âge, il dépend du nombre d'interactions sociales de chacun. Certains jeunes ont peu de ces interactions, tandis que des personnes âgées, au contraire, en entretiennent énormément : c'est ce qu'on appelle la matrice sociale. De ce point de vue, le personnel politique est à haut risque : vous avez la chance de rencontrer beaucoup de nos concitoyens.

Fort heureusement, les jeunes adultes, les adolescents et les enfants développent beaucoup moins de formes graves. Moins touchés, ils se sentent évidemment moins concernés. Ils sont tout de même inquiets, car il arrive de tristes histoires dans lesquelles des adolescents ou de jeunes adultes de 20 ou 25 ans développent une forme sévère de la maladie. Ils sont aussi inquiets pour leurs proches, pour leurs parents et pour leurs grands-parents, et ils culpabilisent à l'idée de pouvoir les contaminer.

À mon sens, ils sont parfaitement conscients. Très informés, ils se montrent souvent moteurs s'agissant du respect des gestes barrières. Je l'ai constaté lors de déplacement dans des classes et auprès d'associations très mobilisées. Nous sommes peut-être fautifs de ne pas utiliser les bons canaux. Les jeunes ne regardent quasiment plus la télévision, ils utilisent les réseaux sociaux et sont attentifs à leurs pairs. Il nous faut déployer des ambassadeurs auprès d'eux : une star de musique, un joueur de football ou de rugby peuvent efficacement relayer nos messages et le lancement de nos campagnes de prévention. Telle est la piste à suivre à mon sens.

Les jeunes sont inquiets pour leur santé, pour celle de leurs proches fragiles et pour celle de leur famille, mais ils sont également inquiets pour leur liberté, leur emploi et leur avenir. Ils ont tout intérêt à ce que nous maîtrisions la pandémie au plus vite, afin que nous puissions renouer avec une vie quasi normale.

J'ai retrouvé l'origine de la notion de stock tournant. Elle apparaît dans l'avis du Haut Conseil de santé publique de juillet 2011. À la suite des commissions d'enquête constituées après la crise du H1N1 de 2009, l'attention a été appelée sur la nécessité de passer des commandes en lien avec un besoin, et de ne pas constituer de stocks en apesanteur ne servant à personne. De fait, en plus des stocks stratégiques d'État, il existe des stocks stratégiques régionaux, des stocks de plateformes zonales et, heureusement, des stocks tactiques d'établissement. En tant qu'hospitalier, j'étais obsédé par la réponse aux crises et je veillais à ce que les équipes, les infirmières et tous mes collaborateurs soient bien équipés – je pense même avoir été assez pénible à ce sujet. Nous avions en permanence le souci de disposer de stocks de proximité afin de pouvoir répondre très rapidement aux besoins des soignants.

La réflexion, et cela devra faire partie du retour d'expérience, a évolué par touche : faut-il conserver ou abandonner les FFPP2 ? Faut-il les laisser à la responsabilité des employeurs ? Nous devrons dresser le bilan complet de ceux qui ont assumé cette responsabilité. Lorsque nous avons lancé la mobilisation sur les masques, nous en avons trouvé beaucoup chez les employeurs, grands établissements, institutions privées ou publiques, mairies ou préfectures, mais certains n'ont probablement pas eu cette compréhension. Le message de l'État n'a peut-être pas été suffisamment clair, mais la responsabilité de l'employeur est définie en 2012 et 2013, dans le cadre du plan pandémie grippale. Le sujet sera de savoir pourquoi certains n'ont pas bien perçu cette évolution, tandis que d'autres, je le sais pour avoir beaucoup échangé avec des responsables d'établissements et même des libéraux, avaient compris qu'ils devaient disposer de leurs propres équipements. Certains cabinets d'infirmiers et certaines maisons médicales disposaient bien d'un stock qu'ils alimentaient régulièrement.

L'objectif est de disposer de stocks suffisants et rapidement mobilisables. Tous les stocks stratégiques, dont les masques ne sont qu'une partie, sont régulièrement audités. J'en ai redemandé un audit complet cette année. Je peux vous rassurer, le niveau est tout à fait satisfaisant. Surtout, ces stocks sont renouvelés très régulièrement. Je tiens à votre disposition les tableaux qui rendent compte du fait que les stocks sont régulièrement audités, que leur péremption est vérifiée et qu'ils sont renouvelés, ce qui est fondamental du point de vue sanitaire, par un système de commandes et de précommandes. On s'en étonne aujourd'hui, mais hier c'était normal, et toutes les commandes étaient en cours ; il n'y avait ni retard ni annulation.

Vous remarquerez, d'ailleurs, que ma commande date du 30 octobre 2018 et que les marchés ont été passés ensuite de manière normale, pas en urgence, et que les livraisons arrivent tranquillement, sans la moindre alerte, jusqu'en janvier. C'est alors que tout s'est arrêté : les fournisseurs qui avaient pris les commandes se sont dédits, on a même assisté, de façon jamais vue, à des reprises de commandes – chacun se souvient des avions saisis directement sur le tarmac, avec des procédés dignes d'un western.

Au titre de l'intérêt des stocks tournants – je ne vois pas d'autre mot – celui de permettre la mobilisation permanente des stocks de manière plus fluide et efficiente. Il y avait à la fois la possibilité de disposer de masques non périmés et surtout de mettre en tension nos producteurs, afin que l'approvisionnement soit régulier. L'idée était aussi d'entretenir avec les fournisseurs un lien beaucoup plus fort que ne l'aurait permis une commande passée une fois tous les dix ans.

Nous tenons les nombreux tableaux de suivi à votre disposition. Vous constaterez que les commandes sont multiples et régulières, les produits périmés étant systématiquement remplacés. Ainsi, s'agissant des antigrippaux, l'état des stocks que j'ai demandé, révèle un niveau suffisant pour couvrir les besoins de la population française. S'agissant des vaccins, 5,3 millions de personnes sont déjà vaccinées contre la grippe, alors que nous sommes à j 13. Pour l'instant, cette campagne est une réussite.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.