Je vous ai dit que, en 2012 et 2013, elle a fait l'objet d'un très long processus d'échanges entre les administrations, cette doctrine couvrant un périmètre beaucoup plus large que celui de la santé. La responsabilité de l'employeur concernait les opérateurs d'importance vitale, de transports, la gendarmerie, la police. À l'époque, je n'étais pas directeur général de la santé, mais, selon ma lecture, il s'en est suivi, non pas une cassure, mais une double évolution qui me paraît assez naturelle. Pour ceux des employeurs qui, depuis des années, assuraient au quotidien l'équipement de leur personnel – dans la plupart des laboratoires agroalimentaires, dans des usines où le port de masques P2, voire P3, est requis –, tout s'est bien déroulé. Certains grands acteurs institutionnels ou privés – banques, assurances, préfectures, mairies, collectivités – avaient parfaitement pris la mesure du sujet et constitué des stocks, pour certains assez récemment, dont nous avons bénéficié en début d'année.
Dans le secteur proprement dit de la santé, il n'y a pas de fonctionnement on-off, le processus est complet, avec un stock stratégique en appui – que nous ne sommes pas parvenus à mobiliser et à rendre plus fluide –, les stocks zonaux utilisés régulièrement en cas de catastrophe, qui sont à la main du préfet, et les stocks tactiques de tous les établissements de santé. Aujourd'hui, nous avons réexpliqué cette stratégie. Au sein du champ santé, pour rester dans mon domaine de compétences, nous avons poussé énormément d'équipements de protection individuelle au plus près des soignants, de sorte qu'aujourd'hui, tous les établissements de santé disposent d'un minimum de trois semaines de stock de crise. Les professionnels de santé se sont approvisionnés auprès des officines qui disposent également d'un grand nombre d'équipements. Par ailleurs, les stocks hospitaliers ont été portés à leur maximum pour leur permettre de tenir en gestion de crise. Le stock stratégique a également été rétabli et est disponible pour renforcer toute demande majeure des établissements.
Dans le champ de la santé, nous avons voulu établir une connexion fonctionnelle entre le stock stratégique national, les stocks zonaux et régionaux, les stocks des groupements hospitaliers de territoire (GHT) – qui sont désormais des acteurs importants –, ceux des grands établissements et ceux des officines qui assurent le lien avec la ville et les établissements sociaux et médico-sociaux. Dans cette optique de préparation à une réponse de crise, les stocks doivent couvrir trois semaines de fonctionnement d'un établissement et dix semaines des besoins de l'État. Nous avons tiré les leçons de cette expérience qui ne s'était jamais présentée : si d'aventure, tous les fournisseurs faisaient défaut, le dispositif de sécurité permettrait de tenir pendant dix semaines en attendant de trouver une solution sur le marché mondial.