Intervention de Jérôme Salomon

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 14h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jérôme Salomon :

Le Premier ministre, comme la plupart des autorités étatiques, a toujours tenu compte de cette menace. Le Conseil scientifique a toujours été très clair et le Gouvernement est resté totalement mobilisé. Les discours sur la mutation du virus et la baisse de sa dangerosité n'ont pas aidé à la mobilisation. De notre côté, évidemment, nous avons maintenu la pression, continué la formation et l'anticipation. J'ai relayé les alertes du Conseil scientifique sur l'imminence d'une deuxième vague.

Quant au fiasco, l'erreur ou l'échec des tests, je souligne tout de même qu'un volume de 1,9 million de tests par semaine est totalement inédit. Dans les laboratoires, les techniciennes, les secrétaires et les infirmières ont travaillé jour et nuit, week-end compris, pour traiter les prélèvements. On peut toujours faire mieux, mais les efforts consentis ont été considérables. Il en va de même pour le tracing, avec 120 000 appels quotidiens, ce qui est très élevé.

Je n'étais pas en charge du déconfinement, mais vous savez que la pression en ce sens a été très forte. Les acteurs ont voulu, tous ensemble, sortir du confinement. La période, notamment en juin, a été particulièrement calme sur le front de l'épidémie. Puis, l'été a été marqué par une diffusion silencieuse, jusqu'à mener à la situation présente.

S'agissant d'EasyCov, nous sommes fortement mobilisés et le sujet a même fait l'objet d'une réunion avec le ministre, très allant sur ce procédé. Malheureusement, chez certaines personnes, le virus est absent de la salive. Je tiens à votre disposition tous les documents sur le sujet, qui a fait l'objet de travaux par les virologues, l'ANSM et la Haute Autorité de santé. Le test salivaire est encore compliqué par le fait qu'il peut produire des faux négatifs. Nous devons être très attentifs à ne pas laisser croire aux Français qu'il suffirait.

S'agissant des tests PCR, nous avons saisi les virologues sur la notion de cut off virologique. Le PCR est une technique très sensible et pourrait permettre de distinguer les malades touchés par une charge virale importante et très contagieux, de ceux qui restent positifs alors qu'ils ne sont plus contagieux. Une expertise est en cours, qui pourrait aider, à terme, à identifier les résultats positifs non contagieux, ce qui serait très pratique.

Nous avons de nombreux échanges avec les autres pays européens et avec l'OMS, notamment quant aux différentes stratégies déployées. Objectivement, aujourd'hui, on ne comprend pas bien ce qui se passe. En Suède, la stratégie est très différente : ils ne portent pas de masque, la mortalité est supérieure à celle enregistrée en France, mais ils ont décidé de laisser beaucoup de commerces ouverts tout en observant les gestes barrières. La République tchèque, qui a été le premier pays à généraliser l'usage du masque, est le pays le plus touché au monde. L'OMS ne comprend pas ce qui se passe ; il y a des choses qu'on ne s'explique pas.

Le réseau Obépine a effectivement lancé un projet de recherche prédictive ou analytique. Il s'agit d'aller rechercher le virus dans les eaux usées, qui reflètent la pression épidémique au sein d'une zone donnée du fait que les patients excrètent du virus que l'on peut retrouver. Même si ce projet n'est pas spécifiquement propre au ministère de la santé – il est commun au ministère de la transition écologique et solidaire, au ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, et au ministère de la santé – nous y sommes attentifs en raison de ses aspects de détection, de surveillance, voire de prédiction.

Les pompiers sont effectivement fortement mobilisés. Ils nous aident beaucoup en installant des barnums qu'ils animent conjointement avec la sécurité civile et des volontaires. Vous aurez relevé que nous avons élargi le champ des professions, même étrangères à la santé, qui peuvent participer à l'effort de dépistage. Nous sommes, par ailleurs, ouverts au renforcement des équipes médicales, qui relève de la DGOS.

Pour ce qui est de l'urgence à changer de stratégie, préventive, d'une part, et thérapeutique précoce, de l'autre, nous soutenons totalement tout ce qui peut aider à progresser dans la prise en charge des malades. Je ne crois pas qu'il y ait la moindre volonté de faire obstacle aux très nombreux protocoles qui nous sont soumis. Tous les protocoles mis en œuvre sont actualisés et mis en ligne sur le site internet du ministère de la santé. Les personnes intéressées par la recherche clinique peuvent librement les consulter. Tous les protocoles déposés, qu'ils soient en cours d'instruction, enregistrés ou refusés, sont en ligne.

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