Intervention de Renaud Muselier

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 16h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Renaud Muselier, président de Régions de France :

Les dépenses engagées par les régions s'élèvent à 1,7 milliard d'euros, alors que nous entrons dans la deuxième vague.

Les mêmes causes ayant les mêmes effets, sans remise en question, on va se retrouver, à nouveau, avec un système en silo. Le Conseil scientifique s'exprimera à la télévision avant le Gouvernement, pour expliquer que la crise sera très difficile. Il ne donnera jamais aucun espoir, montrera des courbes mortifères. On ne parlera pas de Noël, ni d'aucune sortie possible par le haut. Alors que le Gouvernement doit faire face à la contrainte sanitaire – les lits de réanimation sont pleins –, la vie économique doit continuer. Le Conseil scientifique qui, dès l'entrée dans la première vague, a dit beaucoup de bêtises, continuera ses mises en garde.

Une des difficultés vient du fait qu'il y a des États dans l'État, tel le ministère de la santé. On a subi des contrôles tatillons. Les régions ont toutes fabriqué leur « covid résistance » ou « résilience », qui regroupent, à leurs côtés, les départements, les EPCI, les communes et Bpifrance. Dans la région PACA, 23,4 millions d'euros – sans aucun financement de l'État – ont été accordés à 3 349 entreprises sur la base de plateformes d'initiatives locales. Malheureusement, toutes ces mesures ont été entravées par des contrôles de légalité tatillons et des blocages des comptables publics.

Une autre difficulté est survenue quand les départements ont voulu légitimement aider le coiffeur, le boulanger, le professionnel d'à côté – nous avons eu un débat difficile à ce sujet avec les départements des Alpes-Maritimes et des Bouches-du-Rhône, ainsi qu'avec le président de l'ADF. Les départements n'ayant pas le droit d'accorder ce type d'aides économiques, l'État les a laissés, dans un premier temps, créer leur propre système de soutien économique, en infraction à la loi NOTRe. La multiplication des guichets a créé de la confusion. Par ailleurs, le financement d'un certain nombre d'EPCI ou de départements a été entravé – par exemple dans les Hautes-Alpes et le Vaucluse.

Les difficultés ont donc perduré, avant d'être réglées lors d'une rencontre entre la direction générale des collectivités locales (DGCL), la direction générale des finances publiques (DGFIP) et RdF le 5 septembre 2020. Ce n'est que par une intervention écrite auprès de la payeuse en date du 15 octobre 2020 que le malentendu a été définitivement levé. Il serait souhaitable d'avoir plus de fluidité à l'égard de décisions qui visent à assurer la survie des entreprises. Les départements, les mairies, les régions engagent un argent qui n'est pas celui de l'État pour payer des mesures qui ont été promises, auxquelles les entreprises ont droit.

L'acceptation de la deuxième vague par la population sera plus difficile – et on ne sait pas s'il y aura une troisième et une quatrième vague. Le problème, aujourd'hui, ce sont les cas contacts. Pour les dépister, nous devons inonder le pays de tests, avec des résultats sous vingt à trente minutes. Il faut pouvoir se faire tester immédiatement au moindre doute. C'est une obligation en termes de santé publique, puisque l'on ne connaît pas la maladie et que l'on continue à discuter des soins.

Depuis le début de l'été, je tire la sonnette d'alarme au sujet de la vaccination contre la grippe. Il faut vacciner la totalité de la population – en premier lieu les soignants et les plus de 60 ans. Je n'ai pas l'impression que ce choix ait été fait.

Il faudrait, à tout le moins, éviter la survenue d'une troisième et d'une quatrième crise, en se servant de la deuxième vague pour établir une doctrine sanitaire calée et organisée.

Il faut traiter les problèmes économiques des entreprises, faire en sorte que les mesures très efficaces prises par M. Le Maire soient opérationnelles – les décrets n'ont pas été publiés.

La crise sanitaire a été mal traitée et a entraîné, en cascade, une crise économique puis une crise sociale. Les deux questions que nous n'aurons plus à régler, ce sont les masques et le gel hydroalcoolique. En revanche, il faut inonder la France de centaines de milliers de tests. C'est le combat que je vais mener au niveau de RdF.

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