Madame Wonner, qu'il n'y ait pas de malentendu, je n'ai dit que du bien de M. de Mester.
Dès que nous avons été au courant de la situation dans le Grand Est, les présidents de régions se sont entretenus avec M. Rottner, qui était à la manœuvre et qui nous informait en permanence de la situation et de ce qui allait arriver. L'ARS du Grand Est étant manifestement défaillante, chaque président de région a compensé avec sa propre agence, ses dispositifs pour anticiper les difficultés qu'il allait rencontrer. Cette boucle permanente des présidents de région, toutes sensibilités politiques confondues, nous a permis de travailler ensemble sur la base des informations données par M. Rottner, que je tiens à remercier. Il a montré en permanence beaucoup de sang-froid et a été à la hauteur des difficultés. La crise nous a montré que les ARS fonctionnent plus ou moins bien en fonction de la qualité des êtres humains qui les pilotent. Personnellement, je n'ai eu aucun problème, à l'instar de Mme Pécresse et d'autres présidents de région.
Nous avons fait des propositions au Gouvernement tout au long de la crise. Je n'ai aucun problème avec le Premier ministre, avec qui nous avons trouvé des solutions. Hier, encore, M. Castex nous a reçus et nous lui avons fait des propositions. Je pense qu'il faut laisser les lycées ouverts, et continuer à vivre avec le virus.
Concernant le traitement précoce, je répondrai donc à votre question sans citer le nom du médicament dont tout le monde parle. Vous avez souligné l'importance du nombre de décès dans notre pays. Le professeur Raoult et son équipe ont fait un certain nombre de publications. On verra à la fin, en fonction des statistiques de décès par habitant, si le traitement précoce était utile. Je pense que c'est ce cas, d'autres sont d'un avis opposé. Je n'entre pas dans le débat scientifique, je suis un pragmatique. Ce médicament soigne et donne de l'espoir. Globalement, j'estime qu'il guérit.
Vous évoquez une possible insurrection à Marseille : non, nous ne sommes pas des révolutionnaires, bien que La Marseillaise ait été baptisée en hommage aux volontaires venus de cette ville. Il est vrai que nous avons un mode d'expression un peu particulier mais c'est le sentiment d'injustice qui crée l'insurrection, pas spécifiquement à Marseille. Il faudra expliquer pourquoi on ne peut plus prescrire un médicament qui ne tue pas et que le professeur Raoult a prescrit. Ça pose un problème de fond autrement plus important, en termes de liberté des médecins, forts de ce qu'ils ont appris en dix ans d'étude. On traite des patients, au quotidien, avec des médicaments particulièrement dangereux, dont on connaît les interactions. Je ne comprends donc pas pourquoi on ne pourrait pas prescrire ce médicament. Il faut faire attention à ce sentiment d'injustice, que ce soit à Marseille ou dans le reste du pays.
Monsieur Démoulin, je note avec beaucoup d'intérêt la déclaration du 30 mars 2019 de l'OMS. Cela dit, l'Organisation disait, le 16 mars dernier, qu'il fallait dépister massivement, et on attend toujours les tests, ce qui est sidérant. Mme Ndiaye s'est exprimée beaucoup plus tardivement. Chez M. Raoult, on a les résultats des tests en cinq heures, ce qui n'est manifestement pas le cas à Paris ou ailleurs en France.
J'ai toujours prêché pour la réouverture des lycées, je travaille main dans la main avec M. Blanquer. Nous avons rouvert les lycées dès que nous en avons eu l'autorisation. Les élèves n'ont pas eu de professeurs pendant 171 jours. Dans ma région – comme dans d'autres – le matériel informatique mis à disposition des lycées a permis de limiter le décrochage, mais il a tout de même pris des proportions majeures. Les lycées professionnels ont connu un désastre : les élèves ont décroché car ils n'avaient plus la disposition des machines-outils.
Concernant les masques, non, il n'y a pas de bagarre politique. Vous n'avez jamais entendu un président de région critiquer le Gouvernement lors de la première vague, jamais. J'ai demandé à mes présidents de région de ne rien dire et, croyez-moi, ce ne sont pas les plus gentils garçons de la vie politique et certains d'eux ont peut-être des arrière-pensées en vue des élections présidentielles. Aujourd'hui, nous parlons, car on n'est plus dans la même situation. Ne pas faire de polémique ne nous a rendus ni aveugles, ni muets.
En ce qui concerne l'Occitanie, la région PACA a fourni 2 millions de masques – sur les 5 millions qui nous étaient parvenus d'un coup – à Mme Delga, qu'elle nous a rendus plus tard. Mon ARS m'a dit qu'elle n'avait pas de masques FFP2, qu'elle n'avait rien à nous donner. À chaque fois que nous avons distribué des masques, nous avons toujours dit que nous le faisions avec l'État. Certes, des communes, des départements prioritaires ont obtenu des masques. On s'y est tous mis et on s'est débrouillés pour en avoir.
Monsieur Pont, M. Baroin, M. Bussereau et moi-même avons une expérience ministérielle. Nous avons tous géré des périodes de crise. Nous savons tous que faire partie d'un gouvernement est un enfer. Il faut prendre les bonnes décisions, être mesuré.
On entend tout et son contraire sur le vaccin, d'autant que ceux qui s'expriment à la télévision sont tous épidémiologistes ou experts… Lors de ses déclarations, le président du Conseil scientifique ne donne pas de conseils très utiles. Vous avez raison, nous devons apprendre à vivre avec le virus. Tant qu'on n'a pas les médicaments, on tâtonne ; la médecine et la science avancent, comme cela a été le cas s'agissant des traitements en matière de réanimation.
On n'est pas sûr de l'efficacité du masque, mais on doit le porter. Il en va de même pour le gel hydroalcoolique. On doit apprendre à vivre avec le virus, mais, pour cela, il faut laisser les gens vivre. On en revient à la question de l'insurrection, de l'acceptabilité de la privation de droits et de libertés de nombreuses personnes qui ont envie de s'amuser, de vivre et de travailler. Lorsqu'on punit tout le monde, lorsqu'on adopte des interdictions globales, lorsqu'on se fonde sur des arguments scientifiques qui ne sont pas tout à fait fiables – et qui peuvent être jugés discutables au sein de l'OMS ou du Conseil scientifique –, un sentiment d'injustice peut naître, et ça devient alors très compliqué pour le pouvoir central. Je veux absolument contribuer à éviter cela.