Nous n'allons pas parler ensemble d'un sujet passé, hélas ! Si des questions légitimes se posent sur les décisions prises depuis l'apparition du virus sur notre territoire, chacun doit garder à l'esprit que l'heure est toujours à la lutte contre le coronavirus et non aux conclusions définitives. Avant tout, j'aimerais rendre hommage à celles et ceux qui font face à cette crise, dans nos hôpitaux, dans nos EHPAD, en ville, sans oublier naturellement les professionnels du soin à domicile et tous ceux qui permettent à la France de résister au choc et de tenir. Je veux aussi rendre hommage et dire toute ma gratitude aux agents des administrations centrales.
J'ai été nommé ministre alors que le virus circulait depuis peu en France. Soixante-dix mille personnes étaient alors infectées à travers le monde, dont un millier hors de Chine. En franchissant les portes du ministère, je n'ignorais donc pas les risques associés à cette épidémie, sans pour autant m'attendre à son évolution en pandémie au 11 mars 2020.
Nous allons parler ensemble des choix qui ont été faits. Des choix difficiles, lourds, souvent faits dans l'urgence – agir dans l'urgence ne signifie pas agir dans la précipitation mais alors même que certaines inconnues persistent.
Je viens devant vous avec humilité. La période que nous traversons en demande beaucoup aux politiques et à tous ceux qui se prononcent sur l'action publique. Je ne viens pas non plus partager avec vous une opinion. Je viens décrypter devant vous les chemins que nous avons empruntés depuis le premier jour dans un contexte d'incertitude jamais égalé dans notre histoire contemporaine, un contexte dans lequel il s'est agi d'apporter des réponses à des problèmes qui se sont présentés devant nous chaque jour.
Quand surgit un événement de cette nature, les avis se multiplient, les opinions se juxtaposent et les jugements sont rendus aussi vite qu'ils peuvent être contredits. Depuis que j'ai endossé mon costume de ministre, je me suis efforcé d'écouter. Séparer le bon grain de l'ivraie a constitué mon quotidien, tandis qu'au même moment les Français attendaient légitimement des réponses fermes.
Dans une crise comme celle que nous traversons, les connaissances d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier. Les connaissances évoluent, la science évolue, seul le bon sens est immuable, à jamais figé dans l'esprit de ceux qui s'en réclament à tout-va.
Il pourrait être tentant de lire les stratégies d'hier à l'aune des connaissances d'aujourd'hui, mais je vous demande de tenir compte du caractère évolutif de ces connaissances. Nous apprenons tous les jours en même temps que nous agissons. De même, le temps politique n'est pas le temps scientifique, et cette donnée ne doit pas être oubliée dans les échanges que nous aurons. Rechercher la vérité à la lumière des faits, c'est à quoi nous nous attelons aujourd'hui, et je ne doute pas que cet exercice servira autant la justesse du regard que nous portons sur le passé récent que l'efficacité de l'action que nous menons aujourd'hui encore contre l'épidémie.
L'information judiciaire sur la gestion ministérielle de la crise du covid-19 permettra également de rendre compte de cette action. Je tenais à le rappeler.
Vous l'aurez compris, ma mission est de piloter la réponse à la crise. La crise d'hier, la crise d'aujourd'hui, mais aussi la crise de demain. Je suis aujourd'hui devant vous parce que nous devons toutes et tous apprendre d'une crise qui a placé la santé publique au cœur de nos préoccupations. Je suis devant vous parce que le Parlement doit être une force motrice dans les politiques de protection et de prévention. Je suis ici parce que je suis le ministre des solidarités et de la santé. À ce poste, depuis le premier jour, j'ai toujours agi et parlé avec responsabilité et en toute transparence. Je ne choisirai pas une autre ligne aujourd'hui devant vous.