Monsieur le ministre, votre audition intervient presque au terme des travaux de notre mission, du moins des prérogatives de la commission d'enquête qui lui sont octroyées. Nous étions bien sûr impatients de vous écouter et d'écouter les réponses que vous pouvez apporter à nos questions.
Nous n'avions pas imaginé que votre audition interviendrait au cœur d'une seconde vague de la crise sanitaire qui touche notre pays et qui, naturellement, vous mobilise, comme elle mobilise, sous votre autorité, toutes les équipes sanitaires dans nos établissements de santé, publics ou privés. Je veux dire ici à titre personnel à l'ensemble des acteurs de santé ma reconnaissance et mon soutien dans des moments qui s'annoncent redoutablement éprouvants. Vous avez rappelé hier soir que le pire était devant nous – dans des termes dont j'espère, mais j'en suis convaincu, que vous leur préférerez des formulations plus apaisées cet après-midi.
Avant que nous n'abordions des questions plus techniques, avez-vous le sentiment que cette seconde vague, annoncée devant nous par le Conseil scientifique le 18 juin, puis par le professeur Flahault début septembre, n'a pas été anticipée à sa juste mesure et a fait l'objet d'erreurs d'anticipation ? N'a-t-on pas sous-évalué ou sous-estimé la gravité de la situation ? Regrettez-vous de n'avoir pas mis en œuvre certaines actions, ou pas assez amplement ?
Je pense en particulier à ce qui s'est passé lors du Conseil de défense du 11 septembre dernier, suivi d'une conférence de presse du Premier ministre dont on disait qu'elle annoncerait des mesures restrictives fortes, car l'inquiétude était déjà présente, mais qui n'avait finalement débouché sur aucune annonce ou presque, ce qui nous avait surpris, ainsi que les commentateurs. Je me rappelle, monsieur le ministre, vous avoir interrogé moi-même à ce sujet le 22 septembre en commission des lois.
N'y a-t-il pas un mois de retard dans les annonces, qu'il s'agisse de la fermeture de certains établissements recevant du public, du couvre-feu, du confinement ou encore de la fermeture des frontières ? Au regard de la gravité de la situation, que certains avaient pourtant prévue, n'y a-t-il pas eu un manque cruel d'anticipation et de préparation ?