Dans les quinze premiers jours de mars, soit juste avant le confinement décidé le 17 mars, notre pays a réalisé un peu moins de 15 000 tests, alors que, pendant la même période, l'Allemagne en a réalisé 250 000.
La question de notre capacité de tests est au cœur de la problématique de la diffusion du virus. Plusieurs acteurs que nous avons auditionnés ont remis en cause les stratégies adoptées et ont dénoncé des lourdeurs, des blocages administratifs qui ont entraîné un mois de retard avant le déploiement d'une capacité de tests suffisante.
Cela s'est vérifié à propos des laboratoires vétérinaires départementaux : les présidents de département ont été saisis autour de la mi-mars, et la décision de faire intervenir ces laboratoires est intervenue, sauf erreur, le 6 avril. Cela s'est vérifié également pour les laboratoires privés, dont nous avons auditionné tous les représentants : eux aussi ont évoqué un mois de retard et une forme d'« hospitalo-centrisme ». Cela s'est vérifié encore pour la mobilisation de certains laboratoires publics, hors centres hospitaliers universitaires : ainsi, dans mon département, est apparu un conflit entre certains laboratoires publics de recherche et des laboratoires hospitaliers, conduisant le préfet à intervenir en personne.
Comment expliquer ces retards, ces lenteurs de décision, toutes ces lourdeurs observées au cours de la première vague ?
Pour la deuxième vague, les tests étaient en nombre suffisant, vous l'avez évoqué, mais le délai d'obtention du résultat les a rendus quasi inopérants. En effet, entre les délais pour obtenir un rendez-vous et ceux précédant la transmission du résultat, on dépassait sept jours, pendant lesquels les personnes potentiellement atteintes pouvaient en contaminer d'autres, ce qui a pu favoriser la propagation du virus et mettre complètement en échec la stratégie « tester, tracer, isoler » que vous aviez énoncée. En conséquence de quoi la situation est aujourd'hui totalement hors de contrôle.
Pourquoi de telles difficultés concernant les tests, encore plus graves lors de la deuxième vague, et indissociables de l'accélération de la propagation du virus comme de notre capacité à freiner ou à interrompre sa propagation ?