L'objet de la mission d'information est d'évaluer l'action du Gouvernement pour comprendre ce qui s'est passé et pour en tirer les conclusions utiles. C'est là notre devoir, et c'est la réalité. Je sais que vous êtes prêt à l'entendre. Ce travail est d'autant plus nécessaire que, comme vous l'avez vous-même rappelé, l'éventualité d'une deuxième vague était connue depuis le mois de juin et qu'un récent rapport du Conseil scientifique évoque même la possibilité d'une troisième vague – et pourquoi pas d'autres encore.
Vous nous avez appelés à l'humilité dans cette situation compliquée et inédite, ce qui n'interdit pas d'être exigeant pour comprendre ce qui s'est passé, surtout en plein cœur d'une seconde vague dont on nous dit qu'elle sera plus importante que la première.
Pour approfondir quelques questions que notre rapporteur vous a déjà posées à ce sujet, je voudrais revenir sur la stratégie des tests, dont on sait qu'elle sera essentielle au moment du déconfinement.
La stratégie « tester, tracer, isoler », le Conseil scientifique en a parlé comme d'un relatif échec. D'autres ont été plus sévères encore, comme Dominique Costagliola, qui a évoqué un déconfinement raté. Ne pensez-vous pas que la décision prise fin juillet de permettre l'accès de tous aux tests sans ordonnance a conduit à court-circuiter les professionnels de ville, à saturer les laboratoires, à allonger considérablement les délais et, en définitive, à paralyser la stratégie prescrite par l'OMS ?
Vous avez dit qu'il n'y avait pas de corrélation entre l'embolie et le départ de l'épidémie. Du coup, on se demande si vous avez une explication sur le départ épidémique.
Enfin, n'a-t-on pas manqué, lors de la massification des tests, d'une stratégie politique s'agissant de la priorisation, des délais de restitution des résultats, de l'utilité opérationnelle en vue du contrôle de l'épidémie ?
Par ailleurs, n'avons-nous pas manqué d'outils pour prendre la mesure de ce que pourrait être la deuxième vague ?
Le 14 juillet dernier, le Président de la République avait indiqué que la France était prête pour une deuxième vague. Le Premier ministre avait lui-même déclaré fin août qu'il n'y avait pas de quoi s'affoler face à la pandémie. Pourtant, le Conseil scientifique faisait à ce moment-là des points de situation inquiétants et appelait à des décisions difficiles. Cependant, dans sa conférence de presse du 15 septembre, le Premier ministre n'a pas pris de mesures. Les mesures sont venues ensuite. N'avons-nous pas pris du retard, comme l'a laissé entendre Éric Ciotti ?
À propos de la préparation de cette deuxième vague, le Conseil scientifique dit qu'il regrette que le plan de prévention et de réduction des risques s'agissant de la protection des personnes à risque n'ait pas été suffisamment mis en œuvre pendant l'été. Pouvez-vous nous apporter quelques précisions ? N'avons-nous pas mis fin trop rapidement au recours systématique au télétravail, y compris dans l'administration ? S'agissant des écoles, le protocole sanitaire de la rentrée n'a-t-il pas été excessivement allégé par rapport à celui qui avait été mis en œuvre au moment du déconfinement ?
Enfin, deux questions connexes. D'une part, quelles conclusions tirez-vous du rapport Lizurey concernant la chaîne de commandement, le caractère insuffisamment interministériel du centre interministériel de crise (CIC), les insuffisances de partage de l'information ? Tous ces obstacles ont-ils été surmontés de manière à gérer la seconde vague ?
D'autre part, c'est là une préoccupation qui nous est commune, des soins dont l'absence est lourde de conséquences sanitaires ont été différés à cause du covid, je pense aux maladies chroniques ou au cancer. Comment prenez-vous en compte dans cette deuxième vague ce qui a été constaté dans ce domaine au cours de la première ?