Intervention de Olivier Véran

Réunion du mercredi 4 novembre 2020 à 16h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Concernant la mobilisation du secteur privé, je l'ai dit, il y a eu un retard à l'allumage dans certains territoires et dans certains établissements privés, du fait non pas des établissements eux-mêmes, mais des décisions qui avaient été prises. Vous avez auditionné l'ancien directeur général d'une ARS qui a pu vous éclairer sur la façon dont les choses ont été entreprises en région.

Je ne comprenais pas la persistance d'une polémique sur la faible mobilisation du secteur privé alors même que l'ensemble des indicateurs et des témoignages de terrain dont je disposais à l'époque me disaient le contraire. Mais je suis un pragmatique, monsieur le député Door. J'ai donc appelé le président de la Fédération de l'hospitalisation privée, M. Lamine Gharbi, que vous avez d'ailleurs auditionné, me semble-t-il. Il a fini par se fendre d'un communiqué de presse pour expliquer que le secteur privé était pleinement mobilisé.

Vous me demandez donc de commenter des tweets et des commentaires qui ont été publiés par les uns et par les autres – appartenant rarement à la majorité – pour critiquer à un moment donné de l'épidémie une situation qui n'était constatée ni par les appareils d'État, ni par les ARS, ni par les acteurs eux-mêmes, ni publics ni privés, dans les territoires !

Entre le début et la fin du mois d'avril, nous sommes passés de 10 % à 19 % de patients covid hospitalisés dans les établissements de santé du secteur privé non lucratif – les établissements de santé privés d'intérêt collectif (ESPIC) –, de 9 % à 14 % dans les établissements du secteur lucratif et de 80 % à 76 % dans les établissements du secteur public. Le secteur privé a donc pris sa part de l'effort à due proportion.

Concernant la deuxième vague, je me suis rendu il y a dix jours à Antony, dans une clinique du groupe Ramsay. Son directeur m'a présenté les chiffres de participation des établissements de son groupe à l'effort de guerre dans la prise en charge des malades du covid. Tout le monde est mobilisé !

Je n'ai jamais compris l'origine de cette polémique : au même moment, nous organisions des évacuations sanitaires par TGV médicalisés, par avion, par bateau, parfois même à l'étranger pour y trouver des places de réanimation. Je n'ai jamais compris non plus l'intérêt que nous aurions pu avoir à laisser de côté des lits de réanimation en raison du statut privé des établissements.

J'en viens à la surmortalité invisible, ce qui me donne l'occasion de tordre le cou à une fake news qui circule sur Facebook et Twitter, selon laquelle nous donnerions 5 000 euros de prime à un hôpital s'il déclarait qu'un patient était décédé du covid. Je veux bien essayer de tout comprendre, mais certaines choses dépassent l'entendement – je trouve cela insultant, pour les soignants, pour les médecins, pour les équipes, pour les familles de malades et les malades eux-mêmes.

Notre pays est pollué par de fausses informations, qui peuvent aller jusqu'à dire que l'épidémie n'existe pas et qu'elle n'a jamais existé. Parfois, ceux qui disaient il y a trois semaines ou un mois que la deuxième vague n'existait pas et que tout était faux sont les mêmes qui disent aujourd'hui que le Gouvernement n'a rien préparé et que le pays est submergé. Soyons vigilants collectivement. Je m'adresse à des représentants de la nation et je sais que vous l'êtes. Il va nous falloir travailler sur ce sujet. En période de crise, épidémique ou d'autre nature, ce genre de diffusion de fausses informations relève presque de la haute trahison. Franchement, cela est très grave, au moment où la nation doit être soudée ! C'est une fake news.

Quand une épidémie a été identifiée dans un EHPAD et qu'un décès a eu lieu avec suspicion de covid, nous ne réalisions pas de test PCR post mortem. Si le décès est lié à une autre cause, comme un cancer ou une autre pathologie, sans suspicion de covid, il n'est pas indiqué que la personne soit morte du covid.

Monsieur le député, voyez les données de l'INSEE sur la surmortalité au cours de la première vague. Ces données sont publiées et transparentes. Quand nous les comparons avec les données de l'année 2019 ou celles de l'année précédente, nous constatons entre 20 000 et 30 000 morts supplémentaires ; or nous avons déclaré 30 000 morts du covid. Je reconnais la qualité des données et des chiffres publiés. À la même époque, avant que les données ne soient publiées, une autre rumeur laissait entendre que 10 000 morts à domicile n'étaient pas comptabilisés et que nous avions minimisé le nombre de décès. Une fois que l'on s'est rendu compte que nous n'avions pas minimisé le nombre de morts, l'on nous a demandé si nous n'avions pas exagéré ce nombre. Ainsi va la vie. Les chiffres sont transparents ; ils sont publiés par l'INSEE, non par le ministère.

Concernant les pays qui connaissent peu de cas, vous citez la Finlande. Je peux vous en citer d'autres, comme la Grèce ou le Portugal, au cours de la première vague. Le Portugal et la Grèce sont-ils dotés d'un système sanitaire et d'alerte sanitaire supérieur au nôtre, à celui des Anglais, des Italiens, des Espagnols, des Américains, des Australiens, des Japonais, des Israéliens ? Je ne le crois pas.

En revanche, pourquoi certains pays ont-ils connu des épidémies graves et d'autres pas du tout ? Nous en avons discuté avec le ministre allemand de la santé, qui est cerné de pays colorés en rouge, et qui lui-même fait face à une augmentation de la circulation du virus, mais de façon moindre que l'ensemble de ses voisins, dont les Suisses allemands, qui ne sont pas très éloignés des Allemands, les Néerlandais, les Belges, les Autrichiens et évidemment les Français.

Nous n'avons pas d'explication, monsieur le député. Probablement qu'avec du recul nous en disposerons. Sont-elles d'ordre stratégique ? Je ne le crois pas. Nos stratégies sont les mêmes que celles de nos voisins. Sont-elles d'ordre phylogénétique ? Sont-elles liées à une sensibilité particulière ? La densité urbaine est-elle différente ? Un grand nombre de chercheurs se penchent sur ces questions, à l'échelle nationale également. Pourquoi certains départements français ont-ils vu si peu de cas, contrairement à leurs voisins ? Pourquoi, au cours de la deuxième vague, constatons‑nous que l'épidémie est nettement moins importante dans l'ouest du pays, notamment en Bretagne et en Nouvelle-Aquitaine ? Je ne sais pas répondre à ces questions, et personne ne le sait.

Nous considérons que des conditions météorologiques ont pu entraîner une accélération de la vague épidémique au mois d'octobre, en France, en Belgique, en Suisse et en Italie, que la baisse des températures et la densification de l'air par des brumes et de l'humidité semblent propices à la circulation du virus. Nous tenons compte de ces données pour les semaines et les mois à venir, car les températures vont à nouveau se rafraîchir. Cependant, nous ne savons pas expliquer cette évolution.

Il est difficile de s'inspirer de stratégies quand les pays ont été peu touchés. Les pays scandinaves, de manière générale, ont été moins touchés, mais la Suède a payé un lourd tribut, avec une stratégie de gestion du virus différente. Elle a enregistré huit fois plus de morts que ses voisins, avec une chute du PIB identique – ce que l'on dit assez peu quand on évoque le modèle suédois.

Les tests antigéniques sont en cours de déploiement. Stratégies et recommandations apparaissent de toutes parts. M. Door, s'il y a un retard à l'allumage, j'examinerai bien volontiers votre situation particulière. Il m'arrive souvent d'appeler les uns et les autres en cas difficultés objectivées. C'est ainsi que l'on apprend aussi.

Je ne peux pas commenter le rapport Lizurey, car je ne l'ai pas lu. Les bonnes feuilles ont été publiées dans la presse. Il parle effectivement de communication interministérielle. Je n'ai pas d'éléments supplémentaires à vous livrer autres que ceux qui y figurent. Mais, quand le rapport évoque les sites de réunions interministérielles et les coordinations, nous étions à l'époque tous en visioconférence. Je ne comprends pas pourquoi l'on nous reproche que les réunions aient eu lieu au ministère de la santé et non pas dans un autre ministère, dans la mesure où tous les ministères – j'ai participé à plusieurs de ces réunions – étaient représentés en audio ou visioconférence, car nous étions tous confinés. Je prendrai connaissance de ce rapport. Je ne botte pas en touche, je ne l'ai simplement pas lu. Il en va ainsi, parfois, dans le fonctionnement des institutions : la presse peut obtenir le rapport avant le ministre concerné.

Quant au livre du grand auteur que vous avez évoqué, je ne l'ai pas lu, monsieur le député. Je me garderai donc bien d'avoir un avis sur le livre ou sur son auteur, et je ne suis pas sûr d'en avoir un jour.

Monsieur Vallaud, vous demandez si le confinement a été raté. Si en déconfinant le 11 mai, nous avions reconfiné le 11 juin ou le 11 juillet, je vous aurais dit que ce n'était peut-être pas le déconfinement qui était raté, mais que, dans tous les cas, nous serions vite passés d'un confinement à un reconfinement. Ce fut le cas dans certains pays, y compris dans des pays voisins, avec des reconfinements partiels. En l'occurrence, le déconfinement a eu lieu le 11 mai et le reconfinement le 30 octobre. Les Français ont pu retrouver une vie normale pendant plusieurs mois, notamment des activités professionnelles, le chemin de l'école, la rentrée scolaire. La deuxième vague est indépendante de la première. Quand le taux de positivité des tests s'élève à moins de 1 %, vous ne pouvez pas considérer que le couvercle n'était pas bien mis sur la marmite. Je l'avais dit : « Ce n'est plus le virus qui nous traque, c'est nous qui le traquons. »

Concernant la rentrée scolaire, je salue le travail réalisé par mes collègues, Jean‑Michel Blanquer et Frédérique Vidal. Il n'a pas été facile d'organiser le retour des enfants à l'école. D'autres pays ont fait le choix de ne pas permettre aux enfants d'y retourner dans de bonnes conditions, ou du moins dans des conditions normales. Je m'enorgueillis que la France ait décidé de sanctuariser son éducation et son école, comme nous le faisons d'ailleurs au cours de ce nouveau confinement. Pour les enfants, l'éducation est essentielle. La rentrée scolaire s'est passée dans de bonnes conditions et le ministre de l'éducation nationale a eu l'occasion, lors d'une conférence de presse, de dire publiquement le nombre de cas, de clusters, d'enseignants et d'élèves contaminés. Franchement, la rentrée scolaire s'est bien déroulée, monsieur le député.

La suppression d'une ordonnance pour pratiquer un test a-t-elle été problématique ? Cela a été moins problématique que compliqué. Le virus circulait à cette époque beaucoup moins, et notre capacité de tests dépassait largement le nombre de personnes qui souhaitaient se faire tester. Nous suivions alors une stratégie de tests massifs, y compris pour les personnes asymptomatiques, dans l'ensemble des milieux professionnels. La levée de l'ordonnance a été vue comme un moyen d'augmenter le nombre de tests réalisés, non pas pour le plaisir de réaliser des tests, mais pour dépister plus tôt un certain nombre de clusters. La levée de l'obligation de l'ordonnance a permis d'identifier des clusters et sans doute – il est difficile de l'affirmer, mais je le pense – d'éviter des départs de feu bien plus précoces que ceux que nous avons connus pendant l'été.

La logique de priorisation a été pensée dès le mois d'août, en Conseil de défense et de sécurité nationale; elle a été mise en place dans la douleur, au mois de septembre, quand tout le monde a été dépassé par l'afflux massif de Français qui voulaient se faire tester en même temps. Il nous a fallu accélérer son déploiement, lorsque des embouteillages ont été constatés dans l'accès aux tests. Je remercie les équipes pour leur mobilisation. Tous les barnums de tests des personnes asymptomatiques ont été réorientés vers les populations prioritaires.

Avons-nous manqué d'un outil dans la gestion du départ de la deuxième vague ? Je ne sais pas, mais nous devrons travailler collectivement sur la notion d'acceptabilité par les Français et par les élus des mesures de gestion nécessaires pour freiner la circulation du virus, quand nous aurons redéconfiné le pays. Quand elles ne sont pas acceptées ou comprises, les mesures ne sont ni respectées ni applicables et sont contre-productives.

La prise en charge des maladies chroniques au cours de la deuxième vague est une priorité absolue pour mon ministère : cancers, maladies chroniques, troubles psychologiques, qui sont importants dans la population. Il est fondamental que chacun puisse avoir accès aux soins dans de bonnes conditions. Une évolution de taille entre la première et la deuxième vague en matière d'offre de soins : la médecine libérale est pleinement active et dispose des équipements de protection. Nous avons appris et nous savons désormais – je réponds à la question de M. Abad – que nous ne sommes plus obligés de passer par le SAMU et l'hospitalisation systématique, et que nous pouvons nous appuyer davantage sur la médecine de ville et les infirmiers libéraux, sur les pharmaciens d'officine. Cela nous permet d'améliorer considérablement l'accès aux soins par rapport à la première vague, puisque chacun est libre, aujourd'hui, d'exercer son métier.

Par ailleurs, comme je l'ai fait pendant la première vague, j'ai autorisé certaines pratiques dérogatoires de la télémédecine, de la pratique de la consultation téléphonique à la rééducation de kinésithérapie par visioconsultation. Je me trouvais hier avec le président du Conseil national de l'ordre des chirurgiens-dentistes, qui me demandait d'autoriser, pendant la période, la consultation de dentistes, pour regarder des radios, faire des soins, donner des conseils. Je lui ai dit que je regarderais cela de très près. Nous faisons tout pour maintenir la prise en charge des malades au cours de cette période.

J'en viens aux questions du président Abad. 5100 lits de réanimation étaient disponibles avant la crise. En France, nous faisons la distinction entre un lit de réanimation, un lit de soins intensifs et un lit de soins continus. À l'étranger, comme en Allemagne, cette distinction n'existe pas. Tout lit est considéré comme « intensive care », soit « soins intensifs », et donc comme lit de réanimation. Nous avions 5 100 lits de réanimation, auxquels il faut ajouter, pour se placer dans un référentiel identique à celui des Allemands, entre 6 000 et 7 000 lits de soins intensifs et quasiment autant de lits de soins continus. Dès lors, vous obtenez un nombre de lits par habitant beaucoup plus proche du ratio de l'Allemagne.

La particularité d'un lit de réanimation est qu'un malade peut être intubé et ventilé en coma. Cela est beaucoup plus rare pour un lit de soins intensifs, car cela demande une équipe spécifique, composée d'un médecin réanimateur et d'une infirmière de réanimation, avec un ratio de soignants par malade important, afin d'assurer une bonne prise en charge.

Nous sommes passés stricto sensu de 5 100 lits en réanimation disponibles avant la crise à 5 800 lits après la crise. Cela représente une augmentation notable du nombre de lits en réanimation dans la durée, le tout dans l'urgence de l'été. Cette augmentation doit être notée, et nous devons saluer l'effort des soignants. On ne sort pas du chapeau un médecin réanimateur, un anesthésiste et une infirmière spécialisée. La semaine dernière, nous disposions de 6 400 lits de réanimation. Le palier pour la fin de semaine sera d'environ 7 700 lits, et le prochain palier envisagé pourrait s'élever à 10 500 lits de réanimation. Comment faisons-nous ? Comme pour la première vague, nous transformons des lits de soins intensifs en les équipant de respirateurs et en renforçant les personnels, pour transformer ces lits en lits de réanimation. Nous fermons des blocs opératoires en déprogrammant les opérations et les transformons, ainsi que les salles de réveil, en chambres de réanimation. C'est ainsi que nous avons réussi à atteindre 10 700 lits de réanimation armés et occupés au 15 avril dernier.

Cet effort sans précédent dans l'histoire de nos hôpitaux n'avait jamais été réalisé. Nous disposons du matériel nécessaire. Cependant, les ressources humaines posent de grandes difficultés. Nous l'avons dit et redit. Nous avons formé des milliers de soignants pour qu'ils puissent prêter main-forte, tout comme nous mobilisons des milliers d'étudiants en santé.

Par ailleurs, au cours de la première vague, un grand nombre de malades étaient concentrés sur quelques régions. D'autres régions étaient moins exposées, et des soignants ont pu se déplacer pour prêter main-forte à leurs collègues, notamment en région Grand Est. Dans cette deuxième vague, la carte épidémique est celle des métropoles. Il est extrêmement compliqué de demander à des hôpitaux qui subissent une pression épidémique de bien vouloir se départir d'une partie de leurs soignants pour qu'ils aillent aider dans une autre région.

C'est cependant le cas à Marseille. Depuis plusieurs semaines déjà, plusieurs dizaines de soignants sont parties du Grand Est pour aller aider leurs collègues. Nous les remercions. Nous devons gérer cette question des ressources humaines, qui constitue le point de tension principal. À moins que l'on m'explique – je le dis sans provocation – comment former des médecins réanimateurs en si peu de temps, je n'ai pas la possibilité de trouver sur le marché des réanimateurs qui seraient sans travail. Nous faisons vraiment tout ce qui est en notre pouvoir. En Nouvelle-Aquitaine, 300 aides-soignants se sont inscrits à Pôle Emploi en vue de changer de carrière. Ils ont été rappelés, et nous leur avons demandé de bien vouloir retarder leur changement de carrière et de revenir prêter main-forte. Nous innovons partout.

Lorsque nous déprogrammons des activités de soin, nous pouvons permettre aux personnels concernés de venir aider en réanimation. C'est aussi la raison pour laquelle nous déprogrammons des opérations. Lors de la première vague, j'ai déclenché le plan blanc national très tôt et très vite, pour vider les services de réanimation et équiper tous les lits de réanimation autant que cela était possible, pour renforcer les services, afin d'absorber la vague, dont la trajectoire était alors très verticale. Le virus, désormais, circule un peu moins vite qu'au printemps, sa trajectoire est un peu moins verticale, ce qui nous permet de réaliser du travail à façon, hôpital par hôpital. L'hôpital déprogramme des soins au fur et à mesure que les lits de réanimation se remplissent, de manière à ne pas déprogrammer inutilement des soins importants pour d'autres malades que les malades du coronavirus.

Monsieur Abad, la question m'est posée jour après jour : « Pourquoi ne disposons-nous que de 6 400 lits de réanimation armés, alors que l'on avait dit que nous pourrions en disposer de 10 000 ou 12 000, voire plus ? » Nous disposons du nombre de lits de réanimation nécessaires, à une date donnée, par rapport au nombre de malades. Disposer de 10 000 lits de réanimation pour 6 400 patients n'aurait aucun sens, puisque cela signifierait que 3 000 malades hors covid ne seraient pas soignés. Nous libérons les lits de manière plus progressive. Nous organisons aussi des transferts sanitaires. La région Auvergne-Rhône-Alpes est la plus sensible en matière de saturation des services de réanimation. Les modélisations indiquent que d'ici à quelques jours la saturation sera complète. Nous réalisons huit évacuations sanitaires par jour depuis cette région, pour anticiper et garder des places libres pour de nouveaux malades.

Nous ne devons plus raisonner en termes de lits de réanimation. Certains patients font des syndromes de détresse respiratoire aiguë, qui relève non pas d'une intubation, mais d'une oxygénation à 50 litres par minute par voie nasale. J'ai vu ce type de patients en service de réanimation ou de soins intensifs, en fonction des places disponibles. Parfois, les médecins aiment garder près d'eux les malades sous Optiflow, en réanimation, car leur état de santé peut s'aggraver assez vite, et il faut pouvoir les intuber rapidement pour éviter l'étouffement. Il arrive aussi que leur état de santé soit suffisamment stable pour qu'ils restent dans un service de soins intensifs, qui n'est pas armé comme un service de réanimation. Si cela est nécessaire, le malade est envoyé dans le service voisin, il est intubé et hospitalisé en réanimation. Comment considérer le patient sous Optiflow en soins intensifs ? Est-ce un lit de réanimation ? Cela n'a pas de sens. Il nous faut plutôt envisager les statistiques en termes de patients en état grave pris en charge dans nos hôpitaux. Nous ne devons pas fonctionner en termes de structure mais en termes de besoins. Notre objectif est de faire en sorte que tous les besoins de soins des malades graves du covid soient satisfaits.

Concernant l'accès aux tests antigéniques, mon sentiment personnel – je suis sous serment, et je pense qu'un sentiment personnel ne m'engage pas devant la Cour de justice – est que ces tests vont fonctionner. Nous allons en déployer un grand nombre, dans les pharmacies et par l'intermédiaire des médecins et des infirmiers. Ils participeront de l'offre de tests. Certains pays les ont déjà développés. De notre côté, nous les proposons au sein des aéroports et dans des barnums ad hoc. Ce dispositif fonctionne bien. Je ne sais pas si l'un d'entre vous a déjà pu bénéficier d'un test antigénique ; ils sont réalisés vite et bien.

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