Intervention de Olivier Véran

Réunion du mercredi 4 novembre 2020 à 16h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

La question de la contrainte à la mise à l'abri n'est pas facile. Nous nous sommes posé cette question. J'en parle au passé, mais elle peut aussi se poser à l'avenir. Dans l'histoire contemporaine de notre pays, cela n'a jamais été fait, y compris pour des maladies extrêmement contagieuses comme la tuberculose. Nous demandons et recommandons aux personnes de s'isoler, mais nous n'avons pas de mesures de sanction et de contrainte. Depuis le début, nous avons fait le choix de la confiance et de la responsabilisation des Français. Ce choix a été gagnant pendant le confinement, que les Français ont formidablement respecté, au-delà de mes attentes personnelles.

Le choix de la confiance est allé de pair avec un accompagnement des personnes isolées parce qu'elles étaient positives ou cas contacts. Il en va toujours ainsi. Quand une personne est appelée par l'ARS ou l'assurance maladie, des services lui sont proposés, lorsqu'elle est seule, pour faire ses courses ou être hébergée dans de bonnes conditions. Si le choix de la confiance devait être remis en question dans la perspective d'une troisième vague – je réponds ainsi au président Pancher –, ce débat pourrait justifier une intervention parlementaire.

Je vous demande souvent de nous faire des propositions. Si vous ne souhaitez pas telle mesure, que proposez-vous pour plus protéger ? Pourquoi ne pas tenir un débat parlementaire sur cette question ? Ce débat toucherait au cœur de notre rapport aux libertés fondamentales et aux libertés publiques. Vu la situation que nous vivons et que nous connaissons, ce débat mérite sans doute de se tenir dans des conditions démocratiques.

Concernant les vaccins, des États membres de l'Union européenne ont donné mandat de négociation le 16 juin à la Commission européenne pour conclure des accords de précommande avec des laboratoires qui portent des projets de vaccin covid-19 prometteurs. Trois accords ont été signés : le 27 août avec AstraZeneca, projet de recherche développé par l'université d'Oxford, le 18 septembre avec Sanofi et GSK, et le 8 octobre avec Janssen et Johnson & Johnson. Des échanges sont en cours avec les autres candidats au vaccin. Notre objectif est d'identifier un vaccin sur-efficace et de sécuriser une mise à disposition sûre du vaccin pour le monde. Quant à la date, je ne sais pas. Pour pouvoir vous répondre, il me faudrait avoir accès aux données scientifiques, et il faudrait que l'Agence européenne des médicaments (EMA) et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) puissent examiner ces données pour nous dire si tel ou tel vaccin présente les critères de qualité et de sécurité requis. Certains de mes homologues me disent qu'ils se tiennent prêts, peut-être pour janvier. J'aimerais pouvoir vous répondre plus précisément, monsieur le député. Personne ne sait : tant que l'étude de phase trois en population réelle n'est pas terminée et que les données n'ont pas été publiées, ma réponse ne serait qu'un pronostic. Comme vous le savez, je me refuse systématiquement à en faire.

Le chantier est immense. Je pourrais vous décrire la logistique à venir en matière de campagne vaccinale. Nous sommes mobilisés au sein du ministère, avant même l'arrivée du vaccin. Président Becht, vous avez très justement parlé de l'acceptabilité des mesures par la population, alors qu'une partie des Français est vaccino-sceptique. La question logistique sera très dépendante de la nature du vaccin. Un vaccin pourrait arriver bientôt, qui devrait être conservé à moins 60 ou moins 80 degrés. À moins 80 degrés, la vaccination dans un cabinet médical ou dans un gymnase est impossible. Des camions frigorifiques, des sites de stockage et d'accueil pour les patients sont nécessaires. Imaginez le travail titanesque que cela représenterait ! Nous ne réinventons pas l'eau chaude. Nous nous concertons avec nos voisins allemands et anglais, pour identifier les meilleurs moyens de fonctionner. Un énorme chantier nous attend. La vaccination de la population ne se fera pas d'un claquement de doigts. Le Président de la République a rappelé qu'il souhaitait un vaccin pour l'été.

Je crois fondamentalement en la science, en sa capacité à produire des résultats et à identifier un vaccin. Ne m'en veuillez pas de refuser de me projeter dans un environnement dans lequel le virus continuerait de circuler et où nous serions dans l'incapacité de créer un vaccin, d'autant plus qu'un grand nombre de laboratoires travaillent sur des vaccinations différentes. Je suis résolument optimiste sur notre capacité à disposer d'un vaccin un jour prochain. Je ne choisis pas le scénario du pire.

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