Monsieur le ministre, vous affirmez que vous ne laisserez jamais dire que, contrairement à vous, nous protégeons les agents. Il reste que, si cet article est adopté – et ce sera sans doute le cas en raison du fait majoritaire –, ce sera contre l'avis de l'ensemble des syndicats de l'Office national des forêts.
Or que font les agents de l'ONF ? Dans les années 2000, ils ont réalisé un travail remarquable sur le dépérissement. La forêt représente un enjeu majeur sur le long terme : c'est la meilleure façon de capter du carbone. Une coupe rase, ce n'est pas seulement des arbres coupés et une moindre captation de carbone, c'est aussi une modification des sols : un champ d'arbres n'est pas une forêt malgré vos affirmations ! Beaucoup de sylviculteurs en sylviculture douce soulignent que leur pratique est économiquement aussi intéressante qu'une sylviculture industrielle. Elle est surtout beaucoup plus intéressante sur le long terme, puisqu'elle ne détruit pas les sols, préserve la filtration d'eau et conserve plus longtemps le carbone.
Nous devons réussir à faire vieillir nos forêts. Mme Cattelot soulignait qu'il n'y a pas de déchets dans un arbre. À Cosne-sur-Loire, une usine fait des granulés avec des chênes centenaires : c'est une aberration quand on devrait les utiliser pour fabriquer du bois d'œuvre et investir pour que les première et deuxième transformations aient lieu en France ! En 1960, la France comptait 15 000 scieries, en 1980, il n'y en avait plus que 5 000 et aujourd'hui, on en dénombre seulement 1 500. C'est le résultat de cette absence d'investissements !
Nous avons impérativement besoin de personnes qui connaissent la forêt, qui l'observent tous les jours, afin de faire face au dépérissement, aux maladies, etc., car il n'existe pas de solution magique. Les forestiers le disent souvent : lorsqu'on plante, on s'est planté !