Intervention de Michèle Peyron

Séance en hémicycle du jeudi 7 décembre 2017 à 9h30
Dons de jours de repos non pris aux aidants familiaux — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Peyron :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission des affaires sociales, monsieur le rapporteur, chers collègues, nous sommes tous d'accord pour reconnaître que la situation des aidants familiaux est loin d'être satisfaisante.

Comme l'ont déjà expliqué nos collègues, un salarié sur cinq est aidant. Or nous savons que la population française est vieillissante. Sommes-nous préparés à appréhender au mieux ce vieillissement et à accompagner ceux qui viennent en aide aux personnes âgées, souvent avec beaucoup d'abnégation ?

Cette proposition de loi vient, par ce don de jours de congé entre collègues, poser une première pierre en faveur tout autant des aidants familiaux que de leur reconnaissance. Les aidants doivent pouvoir consacrer du temps à la personne à laquelle ils viennent en aide, mais aussi à eux-mêmes.

Il est très fréquent que les aidants familiaux souffrent d'épuisement professionnel et mental. Le don de jours de congés en vue d'aider un collègue aidant familial est une preuve de générosité que nous devons favoriser. Bien qu'il ne constitue pas forcément une solution pérenne, cette proposition de loi nous permet d'améliorer le dispositif existant.

C'est pourquoi je remercie le groupe UDI, Agir et indépendants d'avoir inscrit cette proposition de loi à l'ordre du jour : les aidants doivent en effet requérir toute notre attention, car leur statut n'est pas satisfaisant.

Nous devons travailler plus pour eux : nous le leur devons.

Ils favorisent en effet le maintien à domicile de leurs proches dépendants. Cela doit cependant se faire de la meilleure des façons, pour la personne dépendante ou en perte d'autonomie comme pour l'aidant.

En outre, les places en EHPAD ou dans des établissements d'accueil peuvent parfois être très longues à obtenir.

Si être aidant n'est donc pas forcément un choix, les aidants font preuve de beaucoup de générosité et d'abnégation : nous devons par conséquent alléger leur quotidien.

Permettre, de manière plus aisée et généralisée, le don de jours de congés entre collègues soulagera le stress des aidants familiaux, qui doivent exercer deux métiers dans une même journée : leur propre profession et l'aide à la personne dépendante ou en perte d'autonomie.

Il est donc essentiel pour eux de se rendre disponible à tout moment. Rendre possible le don anonyme de jours de congé afin de permettre à un collègue aidant de mieux vivre cette situation difficile est donc une mesure plus que bienvenue.

J'ai accompagné hier Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, lors d'un déplacement dans ma circonscription consacré à la visite d'un établissement public gérontologique, qui dispose non seulement d'une aile abritant un EHPAD, mais également d'une plateforme de répit pour les aidants familiaux.

Cette plateforme est à la fois physique, numérique et téléphonique. Elle permet de conseiller et d'accompagner les aidants familiaux : il s'agit en fait d'un véritable service d'aide aux personnes en charge d'un proche souffrant d'une maladie neurodégénérative.

Il propose un entretien à domicile ou à l'EHPAD avec une infirmière, visant à recueillir les besoins et les attentes de l'aidant comme de la personne dépendante. Ils établissent ensemble un programme d'accompagnement personnalisé, en lien avec les différents partenaires de l'établissement.

Sont ensuite proposées des activités adaptées ainsi qu'un soutien psychologique. Les aidants sont orientés dans leurs démarches administratives et le personnel de l'établissement les aide à mieux comprendre la maladie ; il permet ainsi un maintien à domicile, qui constitue la meilleure solution pour la personne dépendante comme pour l'aidant.

Ces prestations liées à l'accompagnement, au soutien, à l'information et aux activités de répit sont gratuites. Enfin, il est également proposé aux aidants une possibilité de « baluchonnage » ou de relayage, c'est-à-dire un remplacement de l'aidant à domicile de façon continue.

Ce type d'organisation doit être généralisé et favorisé afin, une fois de plus, de soulager les aidants. Comme nous l'a annoncé Mme la ministre des solidarités et de la santé, ce relayage sera désormais possible grâce au projet de loi pour un État au service d'une société de confiance.

Dans ce cadre, une expérimentation sera mise en place pendant trois ans. Elle permettra de recourir à un salarié volontaire pour assurer des prestations de suppléance de l'aidant à domicile, sur une période de plusieurs jours consécutifs. Le don de jours de congé non utilisés et ce type de plateforme constituent de bons moyens pour délester les aidants.

C'est pourquoi je voterai cette proposition de loi.

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