Intervention de Pascale Morinière

Réunion du mardi 27 août 2019 à 18h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Pascale Morinière, présidente de la Confédération nationale des Associations familiales catholiques :

Je vous remercie pour cette invitation. Les Associations familiales catholiques (AFC) sont membres de l'Union nationale des associations familiales (UNAF). J'espère que d'autres associations familiales seront auditionnées ici, puisque ce projet de loi impacte fortement la famille et les familles.

Nous sommes ici, mais nous savons que l'opinion de la plupart d'entre vous est déjà faite. Nous ne l'ignorons pas. Nous avons deux heures, un peu moins, madame la présidente, à savoir une heure trois quarts. Je vous propose que nous puissions tout de même nous écouter les uns et les autres et peut-être faire évoluer certaines idées ou certaines réflexions. Nous avons bien conscience de traiter un sujet douloureux pour de nombreux Français. Nous ne l'ignorons pas. Nous tenons cependant à vous dire que nous ne sommes pas ici pour revendiquer des choses pour nous-mêmes. Je sais que vous avez entendu d'autres personnes aujourd'hui. Nous ne revendiquons rien pour nous-mêmes, nous sommes là gratuitement. Nous n'avons pas non plus de modèle familial à imposer. Nous ne sommes pas injonctifs.

Nous sommes ici afin de promouvoir une certaine idée de l'être humain, sa dignité inaliénable, sa responsabilité à travers sa capacité à donner la vie et à prendre soin des plus faibles. La vie passe par chacun de nous. Nous la recevons de nos parents et la transmettons à la génération suivante, quand tout se passe bien. Ne pas pouvoir être un maillon dans la chaîne familiale est une souffrance prégnante pour beaucoup d'hommes et de femmes, de Français et de Françaises. Cependant, nous pensons que la douleur, réelle, n'autorise pas à transformer cette souffrance en un droit à l'enfant, qu'il serait licite de revendiquer. Nous ne pouvons pas non plus considérer que le corps humain et les produits du corps humain seraient des matériaux manipulables, transformables, appropriables. Nous n'avons pas un corps, comme nous avons un objet, même si nous utilisons l'expression « J'ai un corps. » Nous sommes un corps sujet, comme le dit le philosophe Merleau-Ponty. Autrement dit, notre corps, c'est nous et les éléments de notre corps, les gamètes ne sont pas des cellules comme les autres. Nous ne serions pas là, si c'était le cas. Ils portent notre patrimoine génétique transmissible et ce qui nous permet de donner la vie à notre tour.

Accueillir un enfant ne consiste donc pas à assembler des gamètes de diverses provenances, afin de fabriquer le corps d'un embryon, d'un fœtus, d'un bébé. Un être humain n'est pas un assemblage de matériaux, il est infiniment plus. Un père, une mère ne sont pas uniquement des fonctions éducatives ou affiliatives. On n'affilie pas des enfants à des parents. Le père et la mère sont ceux par qui la vie est passée, en qui l'enfant peut s'enraciner et par lesquels il devient vivant, a une place désignée dans le monde.

C'est cette vision que nous aimerions vous faire partager ou au moins vous présenter, puisque nous avons rarement l'occasion de vous rencontrer.

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