Je peux dire deux mots sur la deuxième question. Sur la question de la stérilité, nous aurions également des choses à dire.
La question du droit des femmes à disposer de leur corps est une question sensible ; il est vrai que l'ouverture à des femmes seules, le droit au sperme pour des femmes seules s'apparente à un droit à l'enfant. Je réponds aussi au professeur Touraine. C'est un droit à l'enfant. À partir du moment où toute femme ayant ou non des problèmes d'infertilité a accès à du sperme, elle a accès à une forme de droit à l'enfant et il y a un déséquilibre fondamental, une dissymétrie qui oppose l'enfant à l'adulte, dont le désir est exaucé au prix de l'absence du père de l'enfant. Nous le pensons, et les Français sont très nombreux à estimer que le père a un rôle essentiel et spécifique à jouer. Dans nos services d'écoute, nous accueillons énormément de femmes en grande difficulté, justement parce qu'elles portent seules la double charge de leur famille monoparentale, dont vous savez que 35 % vivent sous le seuil de pauvreté.
Sur le droit de disposer de son corps, je voudrais retourner la question sous l'angle de l'autocongélation ovocytaire. Quel est le sens d'une société qui commence déjà à proposer aux femmes ayant avancé en âge cette autocongélation ovocytaire qui sera normée par une loi ? N'est-ce pas une emprise étatique sur le corps des femmes ? N'est-ce pas ouvrir la porte non au marché libéral américain, dont le président Macron a dit qu'il ne voulait pas, mais à un marché à la française, jacobin, où des normes étatiques s'imposeront au corps des femmes ? On leur dit : « Donnez vos ovocytes. Ainsi, plus tard, vous aurez des FIV. » On leur dit : « Faites carrière sans être gênées par la procréation. » On impose aux femmes ce prélèvement ovocytaire précoce, qui n'a rien d'anodin sur le plan médical. On sait bien qu'il n'a rien à voir avec un prélèvement de sperme. C'est le fait de confier leurs plus précieuses cellules, des ovocytes, à des banques qui seront étatisées, maîtrisées, garanties par l'État. D'ailleurs, on va leur demander de donner leurs ovocytes pour des femmes plus âgées, qui auront des problèmes de FIV, afin d'offrir à celles-ci des ovocytes plus jeunes, tout cela en promettant aux donneuses une FIV extrêmement aléatoire, à un âge où les problèmes vasculaires génèrent des risques pour la santé de la femme.
Nous allons vers un risque d'emprise étatique sur le corps des femmes, lié à la dissymétrie naturelle homme-femme dans la procréation. C'est peut-être sous cet angle qu'il faudrait un mouvement de femmes demandant que la société adapte notamment leur vie professionnelle à leur cycle naturel, en encourageant – et c'est un élément de la lutte contre l'infertilité – des modes de vie facilitant des grossesses plus précoces, avant trente ans, avant l'âge où se produit une chute déjà considérable de la fertilité et que nous n'allions pas dans une fuite en avant, où, la technique répondant à la technique, nous nous retrouvons dans des FIV n'ayant rien d'un parcours facile pour les femmes et dont les résultats sont extrêmement aléatoires.