Intervention de Blanche Streb

Réunion du mardi 27 août 2019 à 18h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche :

Je veux bien revenir sur la question des embryons. Comme vous, je suis scientifique, docteur en pharmacie. Tout ce qui est progrès thérapeutique me tient également à cœur. Il y a des changements importants dans ce projet de loi concernant l'embryon. Vous évoquez le changement de régime qui consisterait à passer d'une autorisation à une déclaration, mais avec cela, il y a également la suppression de la nécessité de démontrer que ces cellules souches embryonnaires n'ont pas d'alternative. Ce n'est pas si anodin.

Je ne reviendrai pas sur le transgénique et le chimérique, mais il y a également le sujet de la culture embryonnaire jusqu'à quatorze jours. Il faut savoir que naturellement, l'embryon s'implante au septième jour et qu'à quatorze jours, on est déjà dans une différenciation des tissus. À quatorze jours, c'est la gastrulation, là où apparaissent les premières cellules nerveuses. Quatorze jours, c'est finalement assez arbitraire. Dans l'étude d'impact, il est indiqué que les autres législations proposent cela et qu'un pays sait déjà le faire. Pour moi, ce sont encore une fois des arguments assez pauvres. D'ailleurs, dans le rapport de la mission d'information, M. Touraine trouvait également ces quatorze jours arbitraires et évoquait le fait d'aller beaucoup plus loin, voire jusqu'à huit semaines, en sachant que ce n'est pas encore faisable pour l'instant. Avec ces quatorze jours, on arrivera à des cellules différenciées, parce que derrière, nous pourrions prélever des cellules hépatocytaires, des cellules de la rétine et donc élaborer des traitements, des médicaments à partir de cellules embryonnaires. On peut vouloir des progrès thérapeutiques, on peut également vouloir se demander jusqu'où l'on va. Si l'on revient aux racines de l'émergence du besoin de la bioéthique et de lois qui viennent respecter la dignité humaine, le consentement humain, l'être humain dans son intégrité, etc. nous voyons bien que cela vient soulever des problèmes importants. La question est : voulons-nous des médicaments à partir de cellules embryonnaires ?

Quant aux cellules IPS, nous voyons bien dans les différents rapports, y compris celui du Conseil d'État, qu'il faudrait aller toujours plus loin dans cette recherche, parce qu'il y a du potentiel ou tout simplement un marché potentiel. Je voudrais rappeler qu'il n'y a que treize études cliniques dans le monde entier qui utilisent des cellules souches embryonnaires. Si l'on met beaucoup d'argent, de temps, d'énergie sur un type de recherche, cela signifie peut-être également que l'on n'en met pas forcément ailleurs, dans des recherches qui seraient peut-être plus éthiques. Tout est une question de choix politiques qui sont aujourd'hui posés à tous ceux qui travaillent sur ce texte et seront amenés à le voter.

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