Je suis navré, Madame la présidente de La Rochère, que vous soyez dans l'obligation de nous quitter. Cela fait deux heures que j'écoute vos interventions avec attention et que je vous entends pointer les victimes à venir, selon vous. Je voulais énumérer ce soir les victimes présentes et réelles aujourd'hui. Trois jeunes ont été agressés à Nancy, il y a trois jours, en raison de leur orientation sexuelle. C'est Antonio, insulté dans la rue de « sale pédale » et agressé au début du mois. C'est Julia, une femme transgenre, agressée à Paris en raison de son identité de genre. Ce sont les femmes elles-mêmes, en couple lesbien ou célibataire, à qui l'on explique, en partie au travers de vos organisations, qu'elles ne pourraient pas conduire un projet parental légitimement. Ce sont les enfants nés d'une aide médicale à la procréation et qui existent en nombre aujourd'hui dans notre pays. Ce sont les femmes qui sont contraintes, pour répondre à un désir légitime de maternité, de se rendre à l'étranger, en se mettant dans un triple risque, pour recourir à une aide médicale à la procréation. C'est un risque juridique au vu des capacités ou des incapacités de filiation, un risque financier, car cela a bien évidemment un coût, et enfin un risque sanitaire, dont tout le processus à suivre, tout cela pour une raison : leur orientation sexuelle ou leur statut matrimonial.
Dans les discours que vous tenez, il y a une peur, mais également une stigmatisation. C'est la peur d'une sorte de décadence de notre société. Effectivement, dans le présent projet de loi, nous voulons mettre toutes les familles à égalité, quelle que soit leur forme, tous les projets parentaux à égalité, quels que soient ceux qui les portent. Je crois donc qu'il y a dans votre discours de la stigmatisation. J'en reviens à une partie de la population qui peut se sentir touchée au travers des campagnes de communication menées par certaines organisations, en l'occurrence la Manif pour tous, afin de marquer une opposition à l'extension de la PMA à toutes les femmes. Je fais référence ici à une affiche qui a fait grand bruit et a comparé des enfants nés d'une aide médicale à la procréation à des légumes OGM, en venant nier l'appartenance même de ces enfants à l'espèce humaine. Je crois que ces faits, ces orientations sont de nature à introduire de la peur, de la stigmatisation et surtout, à amoindrir nos bases républicaines. C'est la raison pour laquelle nous défendons un projet de loi qui se veut plus égalitaire pour l'ensemble des femmes, en donnant la main à chacune d'entre elles sur leur capacité reproductive.