Monsieur Chiche, je n'ai pas très bien compris qu'elle était votre question in fine, mais vous avez terminé en disant que vous souhaitiez donner la main à toutes les femmes, ce qui est fort généreux. Quant à nous, nous souhaitons donner la main aux plus petits et aux plus faibles. C'est peut-être ce qui nous oppose. Nous ne pouvons pas ne pas être du côté de l'enfant, du sans voix, et ne pas l'entendre. Nous ne pouvons pas accepter une loi où une génération a la mainmise sur la suivante, pour pallier les souffrances qu'elle porte. Nous avons un différend là-dessus.
Vous aviez une autre question, mais je ne l'ai pas comprise. Sur la question de l'eugénisme, vous semblez douter de ce qui peut se passer. Je vous rappelle simplement qu'aujourd'hui, en France, 96 % des fœtus porteurs de la trisomie 21 sont avortés. Quand nous arrivons à une telle éradication dans une population, le mot « eugénisme » nous vient assez facilement à l'esprit. 96 %, c'est énorme.
Rapidement, Monsieur Breton, quelles leçons tirons-nous de cette mobilisation ? Nous en avons tiré beaucoup d'amertume. Je ne suis pas sûre que cela ait aidé à ce que notre pays soit plus uni. Je ne suis pas sûre que cela ait aidé à ce que le tissu même de la nation, comme le disait M. Macron, soit un plus resserré. Je crois que beaucoup se sont resserrés sur leurs solidarités les plus proches. Il y a eu un resserrement de chacun sur sa cellule familiale. En tout cas, cela n'a pas participé à l'unité de notre pays.
Qu'attendons-nous de vous, les députés, nos représentants ? Nous attendons que vous colliez au réel, que vous partiez de la réalité. J'apprécie ce que vous avez demandé à Mme la Présidente. La réalité doit être plurielle, ouverte. Quand nous regardons l'étude d'impact, c'est un plaidoyer pour la loi. Ce n'est pas un bon travail. Vous ne pouvez pas vous satisfaire de cela. Ce n'est même pas respectueux pour votre propre travail. Les choses doivent être mises en perspective, soupesées, évaluées. Il y a une majorité qui est massive et balaye ceux qui ne pensent pas la même manière. C'est comme pour les états généraux, cela suscite une profonde amertume et trop d'amertume se retrouve en violence. Je ne dis pas cela pour être menaçante, ce n'est pas du tout notre état d'esprit. Nous sommes tout à fait non violents, je vous rassure, mais nous ne pouvons pas continuer à passer outre ce qu'expriment les uns et les autres et à les traiter simplement d'homophobes. Monsieur Chiche, je n'ai pas entendu un seul propos homophobe ce soir. Il va falloir que vous nous disiez quand vous en avez entendu.