Intervention de Dominique Martin

Réunion du jeudi 29 août 2019 à 9h35
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Dominique Martin, directeur général de l'Agence nationale du médicament et des produits de santé :

Elles se passeront comme elles se passent toujours : ce sera aux investigateurs de faire la preuve de l'efficacité du produit à travers des essais cliniques. Les essais cliniques servent justement à élargir les indications : ils doivent faire la preuve de l'efficacité du produit, et donc de son bénéfice, dans des indications autres que l'indication princeps, sur laquelle il a déjà fait la preuve de son efficacité. Par exemple, sont évoquées les MICI, la maladie de Crohn, les rectocolites. Ce sont clairement des objets de recherche actuellement. C'est probablement l'étape qui vient maintenant. D'ailleurs, il y doit déjà y avoir des essais cliniques sur ces pathologies en France, mais pas seulement – en tout cas, il y en aura. Comme toujours, nous allons regarder leurs résultats. Au niveau européen, il y a beaucoup d'échanges sur le sujet. L'évolution se fera dans cet esprit, à travers les mécaniques que vous avez évoquées de type ATU, permettant d'assurer les transitions.

À titre d'information, nous avons des essais sur la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, notamment sur des problématiques de bactéries ultrarésistantes. Nous sommes dans le schéma classique du développement de la recherche, qu'il faut accompagner. Ce sujet du microbiote fécal est assez intéressant, parce que c'est à la fois quelque chose de très ancien, connu depuis très longtemps, et de très nouveau quant au possible traitement de divers désordres neuropsychiatriques : on parle parfois du « deuxième cerveau » – je ne sais pas si c'est au-delà du raisonnable, mais certains phénomènes peuvent relever d'une pensée d'une autre nature. En tout cas, nous voyons bien qu'une démarche progressive est réalisée par les investigateurs qui sont partis de là où les preuves étaient les plus évidentes et s'étendent, à travers un raisonnement que nous comprenons assez bien, à des pathologies proprement intestinales. Par exemple, vous évoquiez l'obésité et je ne sais pas s'il y a aujourd'hui des essais cliniques sur la lutte contre l'obésité par microbiote fécal, mais cela fait partie des sujets sur lesquels il peut y avoir un besoin de développement, sachant que l'obésité n'est pas une pathologie facile à traiter. C'est l'une des plus difficiles à traiter et elle présente des risques très importants pour la santé. S'il y a des possibilités, pourquoi ne pas essayer ? C'est la méthode de la « preuve de concept » et il faut que les preuves soient apportées par les essais cliniques.

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