La réponse à cette dernière question est : oui. La question de son positionnement dans une loi bioéthique ou dans une autre loi est parfaitement légitime. Nous ne pouvons pas laisser se développer ces évolutions, ces innovations sans encadrement. D'ailleurs, il y va de l'intérêt du développement. Il ne s'agit pas de freiner le développement, mais de l'accompagner, de nous assurer que nous ayons bien le bon équilibre entre le développement d'une innovation et la sécurité à laquelle chacun a droit.
Vous vous êtes interrogé sur le fait que toute innovation pourrait prendre place dans une loi de bioéthique. Je n'ai jamais dit cela. Un très grand nombre d'innovations sont développées et toutes ne prennent pas place dans la loi de bioéthique. Nous sommes ici dans un environnement assez particulier, pour lequel il n'y a pas de référence : c'est un environnement intermédiaire, qui n'est pas sans lien avec celui des produits issus du corps humain, même s'ils sont différents sur le plan scientifique.
Lorsque j'évoquais l'antibiorésistance, je ne parlais pas spécialement de la flore intestinale, mais de l'utilisation des antibiotiques. L'idée est de dire que dans certaines situations, nous pouvons avoir une alternative à l'utilisation d'antibiotiques. La lutte contre l'antibiorésistance passe d'abord par la réduction de l'antibiothérapie. Il faut bien sûr développer de nouveaux antibiotiques, mais la première mesure à prendre consiste à limiter l'usage des antibiotiques. Nous en utilisons beaucoup trop en France par rapport à d'autres pays. Cela relève d'abord de la pratique médicale, mais sur le plan clinique, s'il y a des situations dans lesquelles, à la place d'un antibiotique, nous pouvons utiliser une transplantation du microbiote, nous avons tout intérêt à le faire, parce que cela participe à la lutte contre l'antibiorésistance.