Je veux revenir sur la question de la gratuité, avec une autre approche. Cette gratuité reste le point névralgique de notre système, elle fonde la cohérence de notre système de pensée. Si nous voulons utiliser des termes philosophiques, elle fonde même la dignité et la liberté du système. Un don gratuit, ce n'est pas pareil qu'un don indemnisé.
Vous avez parlé d'indemnisation, en soulignant bien que vous ne parliez pas de « rétribution ». C'est une forme de mise à distance d'un mot qui pourrait s'employer à la place d'un autre. Les mots ont leur importance dans les débats éthiques. Celui de gratuité n'est pas anodin. C'est même le point névralgique du système. Si nous voulons qu'il reste cohérent, nous devons veiller à ce qu'il reste gratuit. C'est ainsi que nous pouvons tendre la main et aider celles et ceux qui sont en grande souffrance, et permettre à ceux qui peuvent tendre cette main, en faisant un don en l'occurrence, de le faire de manière, certes altruiste, mais également en responsabilité et en solidarité. C'est ce qui fait notre dignité d'humain.