Intervention de Israël Nisand

Réunion du mardi 3 septembre 2019 à 17h10
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Israël Nisand, président du CNGOF :

Sur ce sujet également, je pense qu'il faudrait un colloque. Nous n'avons pas épuisé le sujet, y compris au plan philosophique. Certains philosophes à l'étranger ont pris en charge cette question. En France, nous sommes sur un veau d'or : anonymat et gratuité, mis au frontispice de la loi. L'anonymat, nous ne pourrons plus le promettre aux donneurs. C'est terminé. Il s'est effrité de lui-même devant les avancées techniques.

Reste la gratuité. Elle a fait de notre système un système qui ne fonctionne pas. Nous pouvons très bien dire que nous restons sur nos grands principes. La France les a souvent privilégiés. Cela amène cependant à laisser toute une frange de la population sans enfant, ou bien nous leur donnerons de l'argent pour aller faire les choses ailleurs. Nous sommes bien propres sur nous, et nous disons « allez faire ces choses ailleurs, s'il vous plaît ». Sachez que nos voisins nous le reprochent. Ils soulignent que nous avons de grands principes éthiques, mais que nous leur envoyons massivement notre souffrance.

Je préférerais que nous déplacions un tout petit peu le fléau. Je préférerais que nous ne nous bloquions pas sur 100 % d'altruisme. Nous sommes le seul pays au monde à faire ainsi. Je ne veux pas non plus que nous proposions une marchandisation de la procréation, comme elle peut se voir dans l'ouest des États-Unis, avec des catalogues par exemple. Ce type de fonctionnement nous choque. Ne pourrions-nous pas être dans un juste milieu, une juste pondération ?

Nous savons que si nous continuons le 100 % d'altruisme, nous nous continuerons à ne faire que des gesticulations d'annonces politiques sans conséquences concrètes pour les patientes. C'est un choix possible, mais ce n'est pas celui des professionnels concernés.

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