Intervention de Pr Jérôme Larghero

Réunion du mercredi 4 septembre 2019 à 9h35
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Pr Jérôme Larghero, directeur du département Biothérapies cellulaires et tissulaires de l'hôpital Saint-Louis :

Mon activité dans le domaine des cellules souches, notamment embryonnaires, est très portée vers des applications thérapeutiques du fait de mes activités hospitalières dans le département de biothérapies cellulaires et tissulaires de l'hôpital Saint-Louis. Avec l'équipe de Philippe Menasché, à l'hôpital Georges-Pompidou, nous avons été les premiers en France à réaliser des greffes de cellules dérivées de cellules souches embryonnaires chez des patients atteints d'insuffisance cardiaque sévère. Pour rebondir sur ce que disait Mme Martinat, nous avons donc utilisé des cellules dérivées de cellules souches embryonnaires dans des protocoles thérapeutiques chez l'homme.

Il y a effectivement une réflexion de longue date sur l'utilisation des cellules souches embryonnaires et – vous y reviendrez probablement – et sur la nécessaire décorrélation entre la recherche sur l'embryon et la recherche sur les cellules souches embryonnaires : ce sont de facto deux entités qu'il faut arriver d'une façon ou d'une autre à séparer. Il y en a peut-être une troisième avec les cellules pluripotentes induites (IPS), qui sont d'autres types cellulaires portant des caractéristiques assez proches des cellules souches embryonnaires.

Je souhaite brièvement mentionner un lien d'intérêt – et non un conflit d'intérêts – qui résulte de notre présence au Conseil d'orientation de l'Agence de la biomédecine.

Pour revenir au sujet, il est difficile aujourd'hui d'évaluer, d'expertiser, de rapporter des dossiers que nous pourrions qualifier de « fourre-tout », au sens où ils sont identiques qu'il s'agisse de recherche sur l'embryon ou de recherche sur les cellules souches embryonnaires. Encore une fois, ce sont pourtant deux choses que nous pouvons qualifier aujourd'hui de complètement différentes quant aux recherches menées et, très probablement aussi, quant à la réflexion éthique qui doit les encadrer.

Il ne faut pas perdre de vue que la France a été et reste – nous l'espérons – très motrice dans la recherche sur les cellules souches embryonnaires, dans un contexte et un cadre juridique que vous connaissez. Je redis que nous avons été les premiers au monde à greffer des cellules dérivées de cellules souches embryonnaires dans une pathologie cardiaque. Cela signifie qu'il existe une recherche très active et de haut niveau en France. Cette recherche a néanmoins été grevée par les questions qui ont été soulevées au sujet de l'utilisation de ces cellules souches embryonnaires. Il faut revisiter ces questions afin de ne pas faire perdre à la France, sinon cette avance qu'elle avait, du moins cette envie et cette capacité qu'elle a à porter une recherche de très haut niveau international.

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