Je rappelle qu'au Japon, les essais de thérapie cellulaire autologue sur des rétinites pigmentaires ont dû être arrêtés. L'idée était de prendre du sang au patient, de le convertir en cellules IPS, de convertir celle-ci en cellules de la rétine et de les transplanter chez le même patient. Ils ont dû stopper, parce que cela prenait énormément de temps et représentait un coût considérable. Cet « échec » a été très important pour la communauté scientifique : elle a réalisé que manipuler des IPS n'était pas si facile et amenait d'autres questions que les cellules souches embryonnaires, notamment le contrôle de la pluripotence et de la garantie qu'il n'y a plus de cellules souches dans le greffon ou l'injection. Les équipes concernées ont dû mettre en place de nouveaux tests.
La communauté internationale réfléchit à la façon dont on peut envisager un usage clinique de ces IPS et aux nouveaux contrôles auxquels il faut procéder pour cela. Je redis qu'il s'agit d'un outil extrêmement intéressant. Il faut que nous puissions avancer dans son utilisation, mais en ayant toujours en parallèle des cellules souches embryonnaires qui sont le gold standard.
Concernant la dérivation en gamètes, si nous avons créé la Société française de recherche sur les cellules souches, c'est également pour afficher envers un plus large public le fait que nous ne sommes pas des scientifiques fous, que nous ne voulons pas faire n'importe quoi dans nos laboratoires. Nous voulons justement que ce soit bien contrôlé. Quand nous trouvons qu'une loi est inadéquate, nous le dénonçons. Nous nous sommes mobilisés afin de dire qu'il y avait une inadéquation du texte par rapport à la réalité des cellules souches embryonnaires humaines. Nous en sommes encore à un stade extrêmement fondamental et il faut, pour plus tard, mettre des lignes rouges à ne pas dépasser. Dans les considérations que nous avions soumises au Comité consultatif national d'éthique (CCNE), nous avions identifié ces lignes rouges, à savoir pas de transfert d'embryon généré in vitro dans un utérus de femme. Pour autant, ce sont tout de même des travaux et une recherche fondamentale qui peuvent être déterminants pour faire progresser les connaissances sur l'infertilité et peut-être identifier de nouvelles pistes thérapeutiques.