L'une des questions posées était de savoir si dans le projet de loi, il y a des choses que nous trouvons insatisfaisantes. Je voudrais revenir sur la culture des embryons humains in vitro : jusqu'où, au-delà de quatorze jours ? C'est la fameuse « règle Warnock ». Actuellement, tous les laboratoires dans le monde respectent cette durée de quatorze jours, mais il faut savoir que des discussions ont lieu en ce moment aux États-Unis, en Angleterre, en Belgique, afin de savoir si cette règle ne devrait pas être modifiée pour autoriser la culture d'embryons humains au-delà de quatorze jours. Nous sommes favorables à pouvoir cultiver ces embryons humains pendant au moins trois semaines, pour une raison très simple : entre le premier et le quatorzième jour de l'embryon humain, les mécanismes qui se mettent en place sont pour l'essentiel les processus de développement automatiques ayant pour but de fabriquer les annexes embryonnaires, à savoir le placenta et le sac vitellin. C'est certes très intéressant, mais ce n'est peut-être pas le premier enjeu dans les études que nous menons, en particulier pour une finalité médicale. Ce que nous voulons, c'est comprendre comment un embryon se développe pour donner naissance aux différents organes. Ce processus commence précisément au quinzième jour, à un jour près. Si nous voulons vraiment comprendre quels sont les mécanismes génétiques et morphogénétiques qui sont à la base de la formation des premiers lignages embryonnaires et ensuite la progressive et graduelle diversification de ces lignages pour donner les différents organes, il est absolument nécessaire de pouvoir travailler sur l'embryon humain après quatorze jours. Avant, c'est assez intéressant, nous pouvons faire des choses, mais l'essentiel n'est pas avant, il est après.
C'est la raison pour laquelle les sociétés savantes et universités de différents pays commencent, depuis environ un an maintenant, à réfléchir à la possibilité de repousser la limite à 21 jours par exemple. Cela donnerait accès à une phase de développement absolument cruciale pour comprendre la mise en place des grands lignages chez l'homme. Les mécanismes sont connus chez la souris, mais pas chez l'homme.