La première dimension du sujet est effectivement le fait que des échantillons prélevés en France ou dans le cadre de travaux français puissent être traités à l'étranger : même si les données reviennent en France, il y a un risque qu'un double des données soit conservé et qu'elles soient utilisées hors du cadre juridique français.
En matière de stockage à l'étranger de données acquises en France, même si nous transmettons des données cryptées, nous n'avons pas la garantie que quelqu'un ne puisse pas les décrypter, même si c'est techniquement difficile. Je ne suis donc pas sûr de rassurer Mme la députée sur ce point.
La deuxième question n'est pas spécifique de Genopole : elle concerne l'ensemble de l'innovation en France. Nous avons vu et nous voyons encore à Genopole des start-ups, issues souvent du monde de la recherche académique, s'arrêter dans leur développement. Elles ont fait une preuve de concept –la démonstration de l'efficacité d'un futur médicament ou d'un futur diagnostic –, mais elles sont arrêtées dans le développement parce que les financements nécessaires pour passer de la preuve de concept au produit sont gigantesques, dans le domaine du médicament comme dans celui des tests diagnostiques ou d'autres produits. Dans le meilleur des cas, ces sociétés stagnent, c'est-à-dire restent de petites entreprises – une dizaine de salariés – qui n'acquièrent jamais une dimension internationale. Dans le pire des cas, elles sont achetées par d'autres entreprises. Nous le disons régulièrement : à qualité équivalente, à niveau de test ou de preuve de concept équivalent, je suis à peu près sûr qu'une entreprise américaine sur le territoire nord-américain peut lever dix à vingt fois plus de fonds que ne peut lever une entreprise française sur le territoire national. Au-delà de la prise de conscience, il faut vraiment trouver les moyens de financer ces entreprises à ce stade de développement.