En Islande, le séquençage n'a pas porté sur la totalité de la population mais sur à peu près 10 %, un taux qui est quand même très représentatif. Il a donné lieu à de nombreuses découvertes, qui ont une valeur en dehors même de la population islandaise. Par exemple, des gènes de prédisposition à la schizophrénie ont été identifiés. Aucun médicament n'a encore été développé, mais cela a permis comprendre quelques bases moléculaires de maladies complexes comme la schizophrénie.
Pourquoi ont-ils réussi à le faire ? Parce qu'ils ont une population homogène, qui se marie sur place. Ce serait tout à fait différent au Brésil. Il est plus facile de faire des découvertes génétiques dans une population qui est un peu isolée. La Finlande, le Costa Rica ou la Sardaigne sont dans une situation similaire. Le séquençage islandais a permis des découvertes majeures sur des maladies complexes, mais il n'a pas débouché sur le développement de molécules – comme d'ailleurs le séquençage humain. Le séquençage humain aujourd'hui permet de mettre des étiquettes sur les maladies. Sur les maladies rares, c'est extrêmement puissant parce que c'est très souvent fonctionnel : le diagnostic et derrière, le traitement ne sont pas forcément immédiats, mais ils sont accessibles. Sur les maladies complexes, nous pouvons mieux comprendre, décrypter leurs différentes phases. L'Islande n'a pas apporté un nouvel antidépresseur ou un nouvel antipsychotique. Elle a apporté des éléments importants dans la compréhension de ces pathologies. L'Islande a permis de trouver l'un des gènes majeurs impliqués dans la maladie d'Alzheimer – il a été retrouvé de la même façon en Écosse. Avec le gène ApoE4, que l'on connaît depuis 20 ans et dont nous n'avons pas fait non plus une thérapeutique – on imagine l'utiliser pour « stratifier » les patients en fonction de ce patrimoine génétique et mieux les traiter.