L'AMP est-elle plus difficile pour les enfants ? C'est extrêmement dépendant de ce qu'il se passe dans la tête des parents. Plus ce qui se passe dans la tête des parents n'est pas résolu, en raison d'une incapacité à se sentir originaire par rapport à l'enfant, plus ce sera difficile pour l'enfant. Transformer un enfant de la science en son propre enfant ne va pas de soi. Lorsque les conditions de succès sont réunies, ce n'est déjà pas facile et il y a des problèmes. Lorsqu'elles ne sont pas réunies parce que les parents modifient les paramètres en biologisant la filiation, ces difficultés dans la tête des parents peuvent donner chez les enfants des problèmes d'origine. Que ce soit dans l'adoption ou dans la PMA, tous les cas que j'ai pu suivre d'enfants à la recherche de leurs origines venaient des problèmes vécus dans le fait d'être parent, c'est-à-dire l'impossibilité de se sentir originaire.
Cela me permet de faire le lien avec la deuxième question qui portait sur la PMA post mortem. La construction de la scène originaire de l'enfant au sein d'un couple qui fait appel à l'adoption ou à la PMA est essentielle parce que l'enfant va pouvoir se sentir comme s'il venait de son père et de sa mère. Cette scène d'engendrement symbolique et réelle est extrêmement importante à penser.
Dans le cas de l'insémination post mortem, cela pose un vrai problème. Pourquoi ? Parce que la différence du mort et du vivant ne jouera plus. C'est tout à fait différent de la situation où le père meurt alors que la femme est enceinte. Je considère que lorsque la science se mêle de procréation, elle modifie ces paramètres. Elle peut les modifier jusqu'à un certain point, mais ne doit pas aller trop loin. Sinon, c'est l'enfant qui paie le prix de ce sacrifice, alors que la science n'est pas là pour résoudre les problèmes existentiels des adultes. L'enfant a sa logique d'enfant.