Intervention de Myriam Szejer

Réunion du jeudi 5 septembre 2019 à 11h30
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à la bioéthique

Myriam Szejer, pédopsychiatre psychanalyste, attachée à la maternité et au centre de PMA de l'hôpital Foch de Suresnes :

Traiter de l'effacement du père en trois minutes, je n'y parviendrai pas ! Notre société est en pleine mutation et les choses vont bouger quoi qu'en disent certains psychanalystes – parce qu'ils ne disent pas tous la même chose.

J'ai commencé à parler de la question du dire. C'est une question qui revient souvent chez les parents : « on est prêt à le dire à l'enfant, mais quand ? Comment ? Qu'est-ce qu'on va lui dire ? Et puisque c'est interdit, est-ce que ça vaut le coup de lui dire ? » J'ai proposé de parler aux bébés, j'ai proposé qu'ils puissent grandir dans une histoire où il n'y a pas de révélation, parce que ce qui est toxique, c'est la révélation et si l'on peut éviter la révélation – que ce soit dans l'adoption ou dans la question des dons de gamètes – on a déjà fait un grand pas en avant. J'ai souvent été amenée à accompagner des parents et la façon dont ils vont parler à leurs enfants va rendre ce « dire » traumatisant ou non. S'il n'y a pas de révélation, on évite le traumatisme. Les enfants peuvent grandir dans la vérité de leur histoire si dès le début on ne fait pas de tabou dessus. De plus, les mentalités vont évoluer et ils vont se retrouver à l'école avec d'autres enfants qui auront le même genre d'histoire et cela fera comme pour le divorce : autrefois, les enfants étaient pointés du doigt, maintenant la moitié de la classe a des parents divorcés.

Dès le lycée, on apprend aux jeunes des tas de choses sur le rapport sexuel, mais on ne leur apprend pas grand-chose sur le positionnement face à la procréation : est-ce que c'est bien de faire des enfants ? Est-ce qu'il y a un risque pour la fertilité d'attendre trop tard ? Cela pose une vraie question parce qu'on a tellement parlé de la contraception, de l'avortement, etc., qu'ils n'ont qu'une seule peur, attraper le sida, attraper un enfant, attraper, etc. Ils pourraient aussi avoir envie de faire des enfants, de constituer une famille et de comprendre dans quelles conditions cela peut se faire. Cette question d'éducation et de pédagogie se pose au niveau de la société et pas uniquement dans la sphère intime.

Entre les secrets de famille et les secrets d'État, il y a une différence de toxicité. On n'empêchera jamais qu'il y ait des secrets de famille ; nous en avons pratiquement tous, je suis sûre, si l'on remonte suffisamment haut dans notre généalogie. Par contre, les secrets d'État, c'est une autre histoire, qui relève de votre responsabilité.

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