N'avez-vous pas le sentiment que, dans l'ensemble de cette démarche – la Convention citoyenne pour le climat, regroupant 150 personnes, puis l'élaboration du projet de loi –, les territoires n'ont pas été pleinement associés ? Je vous ai entendus parler de verticalité : le groupe Libertés et Territoires a la même impression.
Or, du fait précisément de cette verticalité, on passe à côté d'un enjeu majeur, à savoir le rééquilibrage des territoires dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique et, de façon plus générale, de l'élaboration d'une stratégie de résilience. La crise de la covid-19 a pourtant montré que la résilience venait davantage des territoires et des acteurs locaux que de la verticalité de l'État : ils ont apporté des réponses bien plus rapidement, que ce soit sur le plan sanitaire – y compris en fournissant des protections – ou au niveau alimentaire, sans oublier la capacité de coopération et de partage dont ils ont fait preuve. Certains programmes de recherche ont même été organisés en collaboration avec les collectivités locales, par exemple, à Lille, entre la métropole, la municipalité et l'Institut Pasteur.
L'hyperverticalité dont souffre notre pays s'est encore accentuée depuis quatre ans ; nous avons tout intérêt à adopter une autre stratégie. Ne craignez-vous pas que ce projet de loi reflète encore cette culture de l'hyperverticalité et que l'on s'éloigne de la confiance dans les territoires et de la capacité à y trouver des solutions ? On pourrait ainsi décliner certaines initiatives locales, telle la « ville du quart d'heure », lancée à Paris, dont le principe consiste à organiser la ville de manière que ses habitants trouvent tout ce dont ils ont besoin à un quart d'heure de marche. On pourrait imaginer la même chose dans des territoires où les gens souffrent de ne pas avoir à un quart d'heure de chez eux les services qui leur permettraient d'avoir une vie normale.