Intervention de Julien Aubert

Réunion du lundi 8 mars 2021 à 16h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Ce texte est né d'une crise : celle des gilets jaunes, ces Français qui en avaient marre des taxes et des normes. Le point d'arrivée est ce projet de loi, survenu au beau milieu d'une crise économique et sociale majeure, mais qui devrait faire plaisir à ceux qui trouvent que les ambitions de ce texte sont trop faibles. Je rappelle que les émissions de CO2 ont diminué de 7 % en 2020 au niveau global et de 15 % en France, pour un coût total de 194 milliards d'euros. Malheureusement, cela ne suffira pas à atteindre les objectifs de l'accord de Paris : il faudrait dix années de covid pour y arriver. J'invite à réfléchir aux ambitions que nous nous sommes fixées.

La crise sanitaire et économique est là, et il faut mesurer le texte à cette aune. Il créerait des taxes – l'écotaxe régionale ferait son retour, ainsi que le prévoit l'article 32, avec une subtilité consistant à se donner deux ans, histoire de sauter l'élection présidentielle – il paralyserait le bâtiment, avec l'objectif de zéro artificialisation nette qui aurait notamment des effets sur le monde rural, alors que le secteur de la construction connaît une baisse de l'activité de 15 %, il paralyserait l'industrie, avec l'épouvantail de l'écocide, alors que France Stratégie rappelle que la France a l'économie la plus désindustrialisée du G7, il paralyserait le secteur aérien, alors qu'Air France a perdu 67 % de ses passagers l'an dernier, ce qui est du jamais vu, et il paralyserait la location, avec les mesures concernant les passoires thermiques, alors que la Fondation Abbé Pierre explique que l'attribution des logements HLM a baissé de 20 % en 2020 et qu'il y a une hausse massive des sans-abri. Nous devons donc aborder ce texte avec prudence.

J'ajoute qu'il y a un problème d'ambition : vous proposez, en vrac, des mesures symboliques et idéologiques. Ne croyons pas que c'est Stop Pub, l'interdiction de la publicité par avion, les menus végétariens ou le vélo qui nous permettront de respecter l'Accord de Paris.

La méthode me pose également problème. La loi Évin et la prohibition ne sont pas mon modèle. Le tirage au sort et le sans-filtre, sachant que le filtre est le Parlement, ce n'est pas non plus mon modèle. Citons Hugo : « L e plus excellent symbole du peuple, c'est le pavé. On marche dessus jusqu'à ce qu'il vous tombe sur la tête. »

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